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Michel Barda, doyen du bac à 77 ans dans l'Yonne : "Je peux prétendre à la mention assez bien"

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Ce lundi 17 juin au matin, c'est le jour J pour les 743.000 candidats du bac avec l'épreuve de philosophie, sur fond de menace de grève de la surveillance. Des candidats âgés de 11 à 77 ans. Et il se trouve que le doyen du baccalauréat, Michel Barda, habite dans l'Yonne ! Rencontre.

Chez lui, à Crain (Yonne), Michel Barda, 77 ans, le doyen des candidats au bac 2019, révise avant le début des "grosses" épreuves, celles de philo et français notamment, prévues ce lundi 17 juin.
Chez lui, à Crain (Yonne), Michel Barda, 77 ans, le doyen des candidats au bac 2019, révise avant le début des "grosses" épreuves, celles de philo et français notamment, prévues ce lundi 17 juin. © Radio France - Nicolas Fillon

Michel Barda, retraité, écrivain, auteur de nouvelles et de pièces de théâtres, passe le bac L en tant que candidat libre dans l'académie de Dijon, en grande partie au lycée Jacques-Amyot d'Auxerre. Un candidat pas comme les autres, puisqu'à 77 ans, c'est le doyen des 743.000 candidats en France pour la session 2019 !

Celui qui est également président de l'association des bibliothèques rurales et du club de golf du château de Misery à Crain (Yonne) - où il réside - avait débuté le 30 avril dernier par les épreuves de sport. France Bleu Auxerre l'avait d'ailleurs suivi ce jour-là, avec du badminton notamment.

Michel Barda s'était bien défendu en badminton pour la première épreuve du bac L qu'il passait, mardi 30 avril. Ce lundi 17 juin, il attaque un autre morceau, avec la philo et le français.
Michel Barda s'était bien défendu en badminton pour la première épreuve du bac L qu'il passait, mardi 30 avril. Ce lundi 17 juin, il attaque un autre morceau, avec la philo et le français. © Radio France - Nicolas Fillon

Mais ce lundi 17 juin, Michel Barda s'attaque à un autre morceau avec la philosophie dès 8 heures du matin, pendant quatre heures, et le français l'après-midi à 14 heures, également durant quatre heures. Avant d'enchaîner toute la semaine par d'autres épreuves. Un rythme effréné qui stresse un peu le doyen du bac, rencontré la veille de ces grosses épreuves, chez lui.

"Je vais quand même pas mal me presser le citron" (Michel Barda, doyen des candidats au bac)

"Je ne dirais pas que je suis tout à fait serein, lundi sera une longue journée, et je vais quand même pas mal me presser le citron, reconnaît Michel Barda, le nez plongé dans les annales du bac et dans les bouquins de philo, posé sur la table de sa salle à manger en bazar. Le lendemain, je vais avoir quatre heures d'histoire-géo dès 8 heures du matin, et ensuite, pour terminer cette semaine bien chargée et bien pleine, il y aura encore les sciences, l'anglais, la littérature et l'italien à l'écrit. Heureusement, il n'y a pas de mathématiques !" 

"C'est difficile quand il y a peu de temps entre les différentes épreuves, on ne souffle pas vraiment, soupire l'Icaunais. Quand on a fait quatre heures le lundi matin, quatre heures le lundi après-midi, et que le lendemain il faut retourner à 8 heures au lycée Jacques-Amyot d'Auxerre qui se situe tout de même à 40 minutes de là où j'habite, ce n'est pas évident. En gros, ça veut dire qu'il faut se lever aux aurores, qu'il ne faut pas avoir de fringale pendant les épreuves. Donc ça ne laisse que peu de temps pour réfléchir ou se reposer."

Plongé dans ses notes, ses bouquins de philo, ses dictionnaires et ses annales, Michel Barda, le doyen des candidats au bac, potasse un peu avant la grosse semaine qui l'attend.
Plongé dans ses notes, ses bouquins de philo, ses dictionnaires et ses annales, Michel Barda, le doyen des candidats au bac, potasse un peu avant la grosse semaine qui l'attend. © Radio France - Nicolas Fillon

Quel sera le rituel de Michel Barda pour démarrer fameux lundi 17 juin ? D'abord, un réveil "assez tôt", pour enchaîner sur un petit-déjeuner "bien consistant" avant un départ vers 6h30 pour arriver devant le lycée à 7h15. "Je dois y être en avance car je vais devoir répondre à deux médias par téléphone, précise le retraité. Ensuite, je rentre à 8 heures pour la philo. Pas de petit en-cas de prévu, car j'aurais déjà avancé ma digestion ! Je termine l'épreuve à midi, on verra si je finis avant. J'irai me prendre un petit truc à manger, chaud ou froid, pourquoi pas un fast-food, ça suffit parfois pour caler et penser à autre chose ! Ensuite, je vais marcher. Je connais quelques endroits tranquilles... Puis, en route pour l'épreuve de français, de 14h à 18h !"

Michel Barda vise la mention assez bien

Malgré ce timing millimétré et ce petit stress qui monte, Michel Barda ne se fait pas trop de soucis. Il pense être dans de bonnes dispositions pour décrocher le bac à 77 ans. "Je n'ai pas vraiment de matière que je redoute, affirme-t-il avec aplomb. Ou bien, à la limite, l'écrit d'italien et les sciences, où il y a un vrai gros point d'interrogation sur ce qu'on me demandera, un peu aussi comme en histoire-géo. Mais en philo et français, j'ai un bagage de 77 ans d’expérience de vie bien remplie, ça va m'aider. Sur ces matières, coefficient 7, il ne faut pas que je me rate, et je pense que je ne vais pas me rater."

Voici un des travaux que Michel Barda a dû produire pour son oral d'arts plastiques. Le candidat doyen au bac a déjà passé quatre épreuves avant celles de philo et de français de ce lundi 17 juin.
Voici un des travaux que Michel Barda a dû produire pour son oral d'arts plastiques. Le candidat doyen au bac a déjà passé quatre épreuves avant celles de philo et de français de ce lundi 17 juin. © Radio France - Nicolas Fillon

Le président du club de golf de Misery s'est même lancé dans les pronostics sur la mention qu'il pourrait obtenir, en fonction des épreuves déjà passées, comme le sport, ainsi que les oraux d'arts plastiques, anglais et italien, et alors que les résultats tomberont le 5 juillet. "Ce que j'ai fait, c'était, je pense, ou bien, ou original, lance Michel Barda. Selon mes calculs, je peux prétendre à la mention assez bien. Mais je serais satisfait si j'arrive à décrocher la mention passable, la mention de base. J'espère faire un peu mieux. Si je n'ai pas le bac, mais que j'ai de bonnes notes en français, philo et en option théâtre, ça va. J'aurais rempli l'objectif numéro un."

"Rattraper ce que je n'ai pas fait avant" (Michel Barda, doyen des candidats au bac)

Michel Barda en oublierait presque qu'il passe le bac à 77 ans et que forcément, sa différence d'âge avec les autres candidats intrigue. Lui même s'en amuse. "Sur les portes des salles où j'ai déjà passé des épreuves figurent les noms des candidats et leur date de naissance, décrit-il. Moi, c'est 1942. Et à côté, j'ai vu des 2000, 2001, 2002. 2002... Vous vous rendez-compte ? Là, c'est moi qui suis un peu en retard !"

Pour le doyen des candidats, passer le bac, c'est une façon de rattraper le temps perdu. Même si l'ancien homme d'affaires qui a fait une belle carrière dans l'industrie avoue ne jamais en avoir eu besoin pour réussir ce qu'il a voulu entreprendre. Et Michel Barda de filer la métaphore : "Je me dis que la vie est un grand chemin, une grande route que je vais longer encore pendant 22 ans et des poussières, Sur cette route, il y a des nids de poule, comme le bac. Si je parviens à remplir ce nid de poule, je pourrais marcher dessus sans problème. Je vivrai comme avant, mais au moins, j'aurais un peu lissé la surface. J'aurais rattrapé ce que je n'ai pas fait avant."

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