Ce n’est pas du Name and Shame (nommer et dénoncer), mais cela y ressemble. 88 grands investisseurs mondiaux publient une liste de 707 entreprises accusées de ne pas donner assez d’informations sur leurs rôles en matière de climat, de préservation de l’eau et de déforestation. Si la majorité des nommées sont américaines, on compte aussi 39 françaises.

Le CDP, qui œuvre à rendre les entreprises plus transparentes sur leur pratique environnementale, a décidé de mettre la pression sur les compagnies les plus fermées à la communication. Ainsi, à l’occasion de sa quatrième "campagne de non divulgation" (Non-Disclosure Campaign), l’organisation internationale a décidé de publier un rapport public sur son action en la matière. Et elle est conséquente.
88 investisseurs, représentant environ 10 000 milliards de dollars d’actifs, ciblent 707 entreprises présentes dans 46 pays pour ne pas avoir suffisamment communiqué de données sur le changement climatique, l’utilisation des ressources en eau et la déforestation. En tout, cela représente 15 300 milliards de dollars de capitalisation boursière. Dans un communiqué, le CDP met en avant : Exxon Mobil, BP, Chevron, Amazon, Volvo, Alibaba et Qantas Airways.
139 entreprises américaines
Dans cet exercice de reporting, CDP précise que 546 entreprises sur les 707 sont visées sur le climat. De manière contre-intuitive, seules 12 % sont liées aux énergies fossiles, derrière 27 % de sociétés impliquées dans les services liés à l’industrie et 18 % dans l’industrie manufacturière. 166 entreprises sont ciblées pour l’eau et 115 sur la déforestation. Plusieurs entreprises sont par ailleurs pointées du doigt dans plusieurs domaines. Parmi celles interpellées sur les trois sujets, on retrouve par exemple le Français Hermès, le Britannique BP ou le Chinois WH Group.
Ce sont bien sûr les sociétés américaines qui sont les plus citées avec 139 entreprises dans le collimateur du CDP, suivies par l’Australie (121) et la Chine (56). 35 entreprises françaises sont ciblées dont Assystem, Carrefour, Dassaut, EDF, Engie, Renault ou Veolia. On notera que la major française Total, souvent pointée du doigt en France pour son impact climatique, n’est pas dans la liste.
"Les entreprises doivent divulguer leur rôle dans la résolution de la crise climatique à laquelle nous sommes confrontés. Nous savons que le changement climatique, la sécurité de l’eau et la déforestation représentent des risques importants pour les investissements, mais ces risques ne peuvent être gérés sans une information adéquate", explique Emily Kreps, directrice mondiale des initiatives pour les investisseurs chez CDP.
Vœu de Silence
Elle ajoute : "7 000 entreprises communiquent déjà par le biais de CDP et fournissent au marché les informations qu’il demande – le "vœu de silence" de la part des entreprises non divulgatrices ne peut plus durer". De son côté, Thomas O’Malley, responsable mondial de la gouvernance d’entreprise chez HSBC Global Asset Management, juge qu’"une bonne information permet aux investisseurs d’évaluer dans quelle mesure les entreprises gèrent leurs risques ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance)." "Nous encourageons toutes les entreprises à répondre pleinement au questionnaire CDP" ajoute-t-il.
Selon le CDP, lors de la campagne 2018, au cours de laquelle les noms des entreprises n’avaient pas été communiqués, les entreprises ciblées avaient été beaucoup plus promptes à répondre au questionnaire que les autres. En rendant cette fois-ci publics tous les noms des entreprises soupçonnées de faire de la rétention d’information, l’organisation espère amplifier encore le mouvement.
Ludovic Dupin @LudovicDupin

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