Saint-Denis : des parents s'enchaînent pour dénoncer le trafic de drogue

Saint-Denis 1280
© Thomas SAMSON / AFP
  • Copié
Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Romain David
Les parents d'élèves du centre scolaire Hugo-Balzac, à Saint-Denis, ont décidé de former chaque matin une chaîne humaine pour dénoncer la prolifération du trafic de drogue aux abord de l'établissement.
REPORTAGE

Les parents d'élèves de l'école Hugo-Balzac, à Saint-Denis, sont excédés par le trafic de drogue. Les dealers se cachent aux abords du groupe scolaire, sous les yeux des enfants. Pour alerter sur cette situation, les parents ont décidé de former, chaque matin, une chaîne humaine devant les grilles de l'établissement pour symboliquement protéger leurs enfants de ce trafic.

Quotidiennement, les guetteurs quadrillent le quartier à 100 mètres à la ronde. Dès le premier coin de rue, les personnes pouvant déranger le trafic et les voitures de police sont signalées par un cri. Des alertes en direction des dealers que Leïla, maman d'un élève, ne supporte plus. D'autant que l'école, dit-elle, est presque devenue un lieu central pour les trafiquants. "La police a retrouvé 30 grammes de cannabis caché dans un lieu de l’école", rapporte cette mère à Europe 1. "C’est aussi un lieu de retrait pour les dealers. Il y a eu une course poursuite entre la police et certains jeunes, qui ont sauté les grilles."

Des élèves progressivement embrigadés dans le trafic

Leur présence devient une habitude pour les enfants. Fabienne, autre parent d'élève, constate même que ces dealers font tout pour former leur relève. "Ça commence par : ‘Tiens, je te donne 3 ou 4 euros, va me chercher un sandwich et une boisson’. Ils pervertissent les enfants. À 10 ans, quand ils se retrouvent avec 5 ou 6 euros en poche tous les jours, ça leur fait plus d’argent que leurs petits copains. Ils commencent à faire les caïds et à glisser sur cette pente… c’est fatal."

Cette mère se mobilise tous les matins depuis un mois. Avec cette frustration : rien ne semble changer malgré la présence d'un commissariat à seulement 200 mètres de là.