Il y a des millions d'années, ce ne sont pas les lions d'Afrique qui régnaient sur ce continent mais un animal sept fois plus imposant. Des dents et des fragments d'os vieux de 23 millions d'années découverts au Kenya ont permis d'identifier l'un des plus grands mammifères carnivores ayant foulé la Terre : Simbakubwa kutokaafrika, "kutokaafrika" signifiant en Swahili "venant d'Afrique".
Non pas un carnivore mais un hypercarnivore
L'animal pesait dans les 1.500 kg et était capable de s'attaquer à des animaux de la taille des éléphants et des hippopotames. Il était donc plus large qu'un ours polaire et possédait un squelette de taille équivalente à celui d'un rhinocéros. Il y a des millions d'années, cet animal était au sommet de la chaîne alimentaire. "Au vu de ses dents massives, Simbakubwa était un hypercarnivore", explique Matthew Borths de l'Université Duke (Etats-Unis), auteur principal de l'étude publiée le 18 avril 2019 dans le Journal of Vertebrate Paleontology.
Les restes de l'animal - un morceau de mâchoire inférieure comportant une canine, une prémolaire et une molaire ainsi que d'autres dents et quelques os - avaient été découverts il y a déjà des dizaines années mais avaient été attribués à une espèce plus petite, Hyainailouros napakensis. Ils attendaient depuis au musée national de Nairobi quand ils ont attiré l'attention des chercheurs. Selon ces derniers, l'animal est mort relativement jeune. Pourtant, sa mâchoire est beaucoup plus grosse que celle d'un lion de taille adulte. Avec ses canines, il pouvait cisailler la chair, tandis que ses molaires lui permettaient de casser les os, précise un communiqué.
Le Simbakubwa kutokaafrika était un animal massif © Mauricio Anton
Une extinction encore mal comprise
Simbakubwa kutokaafrika appartiendrait à un groupe de mammifères désormais éteint : les Hyaenodonta et n'était pas étroitement lié aux grands félins actuels. Les Hyaenodonta sont les premiers mammifères carnivores à avoir parcouru le continent Africain. "Nous ne savons pas exactement ce que a conduit à l'extinction des Hyaenodonta mais les écosystèmes ont changé brutalement à mesure que le climat global devenait plus sec", explique dans le communiqué Matthew Borths.
AST avec AFP