Des chercheurs ont créé une IA pour déchiffrer le langage des bébés

Des chercheurs ont mis au point un algorithme qui permettrait de déchiffrer les cris des bébés, à condition de bénéficier d’une large base de données.
Des chercheurs ont créé une IA pour déchiffrer le langage des bébés

Une équipe de chercheurs de l’université Northern Illinois et du College of New Jersey a mis au point un algorithme qui permettrait de déchiffrer les pleurs des bébés. À condition de bénéficier d’une large base de données. 

Quand on a un bébé, l’une des premières difficultés est d’arriver à comprendre ses besoins. Si la majorité des parents apprend au fur et à mesure à les décoder, des chercheurs de l’université Northern Illinois et du College of New Jersey ont décidé de résoudre ce problème grâce à l’intelligence artificielle. À la fin du mois de mai, ils ont annoncé dans la revue IEEE/CAA Journal of Automatica Sinica la création d’un algorithme capable de déchiffrer les pleurs des enfants. Les chercheurs ont entraîné l’algorithme avec une base de données composée de 48 sons provenant de 26 bébés hospitalisés. Les proches des nourrissons et des infirmiers expérimentés ont interprété ces cris afin d’entraîner l’IA. 

Au total, les sons ont été triés en cinq catégories : le besoin d’être changé, d’être nourri, le besoin d’attention, de sommeil et l’inconfort. Par exemple, le son « neh  » coïncide souvent avec la faim car le bébé colle instinctivement sa langue sur le palais. En plus des pleurs, des signaux visuels ont été étudiés comme les doigts dans la bouche qui sont un marqueur de faim et les bâillements, signes de fatigue. Comme cet outil est censé repérer les cris inhabituels et anormaux, il pourrait permettre « d’améliorer la santé des enfants, tout en réduisant la pression ressentie par les parents et les soignants  », a déclaré un des scientifiques Lichuan Liu au mensuel Science Focus

Les chercheurs ont utilisé un logiciel classique de reconnaissance vocale, couplé à une technique mathématique appelée « l’acquisition comprimée  », qui permet de distinguer les mots prononcés du bruit environnant. En analysant les modulations énoncées par les 26 bébés, ils ont remarqué que ces derniers exprimaient des sons similaires lorsqu’ils ressentaient les mêmes besoins, comme la faim ou la fatigue. Des modulations qui peuvent justement être reconnues par l’intelligence artificielle, affirment les scientifiques.

Une faible base de données

La qualité de cet algorithme reste cependant à prouver. Sa fiabilité dépendra en effet du nombre de données qui lui seront fournies – une IA a besoin de s’entraîner sur une quantité importante de données -, et de la fiabilité des interprétations données par les parents et soignants, qui peuvent se tromper sur les besoins de l’enfant ou tomber dans le piège des biais cognitifs.

 Les chercheurs sont d’ailleurs conscients de l’étroitesse de leur base d’information : « Nous aimerions collaborer avec des hôpitaux et des centres médicaux pour obtenir plus de données et multiplier les scénarios possibles, ce qui nous permettrait, nous l’espérons, de développer des produits dans un but clinique  », affirme Lichuan Liu. 

Parler avec son bébé : une vieille obsession 

Notre fascination pour « le langage des bébés  » n’est pas vraiment nouvelle. Il existe déjà des ateliers de langue des signes à destination des jeunes parents, comme le raconte Marine Cabot, une auxiliaire de puériculture dans un article de La Nouvelle République : « Quand ils sont bébés, les enfants agissent beaucoup par mimétisme. L’idée est de leur donner de la matière pour qu’ils puissent eux aussi se faire comprendre avec des gestes, tant qu’ils ne sont pas en âge de verbaliser  ».

Cette tendance est même devenue un business. Chaque année, des ouvrages destinés à mieux communiquer avec son enfant sortent en librairie. À l’instar du livre « Il pleure, que dit-il ?  » publié en 2017 par la chanteuse lyrique Priscilla Dunstan, qui identifie les dix mots les plus prononcés par tous les bébés pour exprimer leurs besoins. Le livre a même donné lieu au « Dunstan Baby Language  », une approche enseignée en France à travers des ateliers tarifés au prix fort de 150 euros les 7 séances. 

Capture d'écran du site Dunstababy.fr
Capture d’écran du site Dunstababy.fr

Peut-être n’aura-t-on même pas besoin d’apprendre le langage des bébés, s’ils arrivent un jour à parler précocement. En voulant modifier l’ADN de deux bébés pour les immuniser contre le VIH grâce à la technologie CRISPR-Cas9, le scientifique chinois He Jiankiu a annoncé en février dernier qu’il avait accidentellement amélioré leur mémoire, leur capacité d’apprentissage et la plasticité de leur cerveau… tout en augmentant les risques de mort prématurée.

 

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 Image à la Une tirée du film Bébé, mode d’emploi (Greg Berlanti, 2010).

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