SANTÉ Pas pris en charge aux urgences, il meurt sur le parking de la clinique

Une enquête a été ouverte sur la mort d’un homme sur le parking de la clinique de l’Anjou, peu après un court passage par les urgences du CHU d’Angers. Cet événement se produit dans un contexte de manque d’effectif dénoncé depuis de nombreux mois par les syndicalistes.
Le Républicain Lorrain - 18 juin 2019 à 16:52 | mis à jour le 18 juin 2019 à 16:52 - Temps de lecture :
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La clinique de l'Anjou, où est décédé le patient. Capture GSV
La clinique de l'Anjou, où est décédé le patient. Capture GSV

Un homme de 49 ans est mort samedi soir sur le parking de la clinique de l'Anjou à Angers, où il avait été conduit pour être soigné, rapporte France 3.

Auparavant, se plaignant de douleurs au cœur, le patient, domicilié au centre communal d’action sociale (CCAS) d’Angers, s'était présenté aux urgences du CHU mais il n'avait pas pu être pris en charge, selon l'intersyndicale de l'hôpital.

Une seule infirmière

Un membre de sa famille avait insisté mais la seule infirmière de service ne pouvait s'en occuper, étant donné le nombre de personnes déjà présentes, relate encore France 3.

Selon les vidéos du CHU, le patient "a franchi les barrières du CHU à 19h31, été pris en charge par l’admission du service des urgences à 19h34. Est reparti à 19h47", indique le parquet.

Même si les urgences ont cherché une solution, "la dame qui accompagnait le patient a décidé de repartir des urgences pour le conduire en voiture" vers la clinique de l'Anjou, "à l'autre bout d'Angers, en voiture c'est environ 15-20 minutes", explique Christian Lemaire, cosecrétaire du syndicat Sud au CHU d'Angers, à France 3.

"On ne peut pas faire le lien de causalité entre la non prise en charge du patient à l'hôpital et son décès, ce que l'on dit simplement c'est qu'il n'a pas été pris en charge dans des délais extrêmement rapides qui auraient pu permettre de le sauver", poursuit le syndicaliste à France 3.

Devant la presse, le Pr Sigismond Losocki, chef du pôle anesthésie-urgences-Samu, a assuré que "le patient était arrivé sur ses jambes, sans signe manifeste de gravité". "Il a été accueilli en admission tout à fait normalement (...) On ne peut pas prendre en charge quelqu’un qui y reste moins de 12 minutes", a-t-il dit.

"Nous faisons l’objet d’une instrumentalisation indécente sur cette affaire", a dénoncé Sébastien Treguenard, directeur général adjoint du CHU d’Angers, ajoutant que l’établissement était "en contact avec la famille qui est choquée et ne comprend pas l’exploitation médiatique".

"Aucune suspicion"

"À ce stade, il n’y a aucune suspicion qui permette de penser qu’il y a eu dysfonctionnement au niveau des urgences", a indiqué de son côté le procureur de la République d’Angers Yves Gambert.

Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte par le parquet après un signalement du médecin urgentiste de la Clinique de l’Anjou qui a signé le certificat de décès samedi à 20h40.

"Je n’ai pas l’intention de basculer vers une enquête pour homicide involontaire ou non assistance à personne en danger", a ajouté le procureur, précisant qu’aucune plainte n’avait été "formalisée" par la famille.

Une autopsie a eu lieu lundi à Nantes mais les résultats ne sont pas encore connus.

Un contexte de crise des urgences

Selon les syndicats SUD, FO et CGT du CHU, "cet événement se produit dans un contexte de manque d’effectifs dénoncé depuis de nombreux mois". Dans un communiqué, ils évoquent "l’absence de prise en charge d’un patient valide faute d’infirmière disponible (occupée avec un autre patient)".

Une grève a été lancée depuis le 2 mai aux urgences du CHU d’Angers. "Le manque d’effectifs reste criant et le non remplacement de collègues absents met en jeu la sécurité des collègues comme des usagers", estiment les syndicats dans leur communiqué.