En Pologne, pour de nombreux enseignants, ce mois de juin ne marque pas seulement la fin de l’année scolaire, mais leur divorce définitif avec l’école publique. “La liste des causes de leur découragement est longue”, explique le quotidien Gazeta Wyborcza : “chaos consécutif à la réforme de l’éducation, changements permanents, fatigue liée à la nécessité de courir entre plusieurs établissements et, dernièrement, la grève qui n’a pas apporté d’augmentation.”

En avril, malgré un débrayage de trois semaines suivi par plusieurs centaines de milliers d’enseignants et la moitié des écoles du pays, le gouvernement avait refusé d’accorder la revalorisation salariale de 30 % demandée par deux des trois syndicats de la profession, et, à l’usure, il avait convaincu les grévistes de reprendre le travail.

Cette victoire politique a toutefois pour conséquence de pousser à la démission des enseignants désormais convaincus de l’impossibilité d’améliorer la condition de la profession. D’après les témoignages recueillis par le journal, certains optent donc pour l’émigration, notamment vers le Royaume-Uni, quand d’autres partent en retraite anticipée ou changent de métier, comme Agata. Enseignante d’anglais en lycée depuis douze ans, elle ne reprendra pas les cours en septembre et cherche un nouvel emploi, même peu qualifié.

J’ai travaillé au prix de ma santé et de ma famille pour 2 000 zlotys nets [470 euros par mois, soit 60 euros de plus que le SMIC polonais]. J’étais engagée dans la grève, mais les réactions du gouvernement, de la société et de la direction ont été insupportables. Je dois penser à moi-même”, confie-t-elle.

Gazeta souligne que “dans les grandes villes, le salaire d’un enseignant débutant suffit à peine à payer un loyer, c’est pourquoi les candidats manquent. […] À Varsovie, la capitale, 3 000 postes pourraient être vacants, le plus souvent en école maternelle ou bien pour l’enseignement des mathématiques, de l’anglais et de l’informatique.” En réponse à ce déficit, la mairie a déjà introduit des compléments de salaire versés de son propre budget et vient d’inaugurer un programme de formations gratuites pour les aspirants enseignants.