"Je suis inquiet pour la mer" : à Marseille, 170 enfants nettoient le port de Corbières

Une benne de 10m³ a été remplie par les ordures retrouvées par l'équipe au fond des eaux de Corbières.

Une benne de 10m³ a été remplie par les ordures retrouvées par l'équipe au fond des eaux de Corbières.

M.V.

Marseille

À l'occasion d'une journée de sensibilisation organisée par l'apnéiste Stéphane Mifsud, des enfants de l'Estaque ont consacré leur matinée à nettoyer les eaux du littoral

En arrivant dans le port de Corbières, au bout du 16e arrondissement de Marseille, rien ne trouble le calme habituel des lieux, si ce n'est les voix d'une centaine d'enfants surexcités. "Il faut tout jeter !" crie l'un. "Pouah, c'est dégueu", soupire l'autre. "Oh regarde, une télé !" s'exclame un troisième. Penchés au bord de l'eau, entre deux bateaux, les minots de l'Estaque sont en train de nettoyer les eaux de Marseille. 

Dans la mer, des apnéistes de l'organisation de l'Odyssée Bleue plongent et remontent à la surface les déchets qui jonchent le fond du port. Il les ramènent ensuite sur les paddles et des bateaux gonflables, pour les donner aux enfants. Ils sont 170, venus de l'école Saint-André Condorcet, à faire une chaîne humaine pour transporter les poubelles jusqu'à une benne de 10m³. Conteneur, téléviseur, tuyaux, chaises et bouteilles en plastique... Des objets divers et variés sont repêchés, dans le but d'être triés, et, si possible, recyclés.

"On a trouvé des poissons morts"

Des apnéistes remontaient à la surface les déchets retrouvés au fond du port, pour les donner aux enfants qui les jetaient ensuite dans une benne.
Des apnéistes remontaient à la surface les déchets retrouvés au fond du port, pour les donner aux enfants qui les jetaient ensuite dans une benne. Photo M.V.

Les petits semblent prendre plaisir à nettoyer cette eau, à se sentir utiles. "Ils habitent tous l'Estaque, ils ne se baignent pas si loin", précise Charles Richard, membre de l'Odyssée Bleue. Ils ne veulent pas attendre pour jeter ce qu'ils récoltent dans la benne à ordures. "C'est bizarre de voir tout ça dans l'eau, confie Nour. Moi, je ne jette pas dans la mer. On a trouvé des poissons morts, ça m'a rendue triste." De son côté, Tibyane a l'air perplexe à l'idée que toutes ces personnes aient lancé tous ces objets par-dessus bord : "Je suis inquiet pour la mer. À la maison, on recycle toujours le verre et le plastique."

Avec eux, le recordman et double champion du monde d'apnée, Stéphane Mifsud, qui, au fil de ses voyages dans le monde, regrette de plus en plus de voir la mer dans un tel état. "On n'aura pas de seconde planète, scande-t-il. Dans ce port, on a retrouvé beaucoup de plastiques, qui ne sont pas du tout biodégradables et qui pourraient être mangés par les poissons et salir les plages où vont ces enfants."

Parrain de cette journée de sensibilisation, l'humoriste et comédien Florent Peyre, qui est descendu de Paris pour l'occasion. "Je serais bien venu à vélo, mais j'aurais mis trop de temps, blague-t-il. Donc j'ai pris le train, pour rester écolo." Malgré les touches d'humour, et les sauts dans l'eau pour faire rire les élèves, il vient faire passer son message : "Il faut faire comprendre à ces enfants qu’il vaut mieux jeter les déchets dans la poubelle plutôt que dans un port. Car on ne voit pas les conséquences d’un seul acte de ce genre. Une canette jetée par terre va rouler dans un égout, tomber dans la mer, se faire manger par les poissons ou atterrir dans le sable de la plage de l'Estaque et blesser un petit. On ne peut pas les laisser se baigner là-dedans."