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Inde : face à la chaleur et au manque d'eau, des villages entiers se vident de leur population

Dans le nord du pays, des milliers de villages ont été abandonnés par leurs occupants qui souffraient du manque d'eau. Depuis le début du mois de juin, le pays fait face à une vague de chaleur particulièrement intense, le mercure ayant dépassé les 50°C dans certaines zones.

Ces températures extrêmes sont cette année corrélée à une mousson tardive qui se traduit par une sécheresse d'une grande ampleur sur le pays
Ces températures extrêmes sont cette année corrélée à une mousson tardive qui se traduit par une sécheresse d'une grande ampleur sur le pays (Peter Hutchison/AFP)

Par Gabriel Nédélec

Publié le 19 juin 2019 à 06:20Mis à jour le 19 juin 2019 à 07:20

L'Inde est une nouvelle fois frappée par une vague de chaleur intense. Selon le dernier bilan disponible, au moins 78 personnes ont trouvé la mort à cause des températures qui excèdent largement les 45°C et du manque drastique d'eau dans certaines régions.

Si le mois de juin est chaque année particulièrement dur pour l'Inde, la situation se détériore année après année du fait du réchauffement climatique. Lundi dernier, Delhi a enregistré son plus haut pic pour un mois de juin, à 48°C. Et dans la région du Rajasthan, la ville de Churu est momentanément devenue l'endroit le plus chaud de la planète lorsque le mercure a affiché 50,8°C.

Ces températures extrêmes sont cette année corrélées à une mousson tardive qui se traduit par une sécheresse d'une grande ampleur sur le pays. Résultat : des centaines de villages sont désertés par leurs habitants face au manque d'eau, notamment dans la région de Bombay, la capitale économique du pays, rapporte le correspondant du « Guardian » en Inde dans un article poignant.

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Villages déserts

« Selon des estimations, près de 90 % de la population de la région aurait fui, laissant les malades et les personnes âgées se débrouiller seuls face à une crise de l'eau qui ne montre aucun signe de ralentissement », relève le journaliste sur place. De son côté, le « Times » rapporte que des dizaines de milliers de personnes ont également fui leurs villages dans le nord du pays, notamment dans les Etats de l'Uttar Pradesh et du Bihar.

« C'est toute la problématique des réfugiés climatiques qui commence à se poser », commente Françoise Vimeux, climatologue à l'Institut de Recherche pour le Développement. Selon les estimations de la Banque mondiale, plus de 140 millions de personnes pourraient être forcées de migrer d'ici à 2050 à cause du réchauffement climatique.

« Plus que les chaleurs extrêmes, c'est l'eau dans tous ses états qui risque d'engendrer d'immenses déplacements de population, reprend Françoise Vimeux. La première cause est indéniablement la hausse du niveau des océans. Ensuite, c'est effectivement le manque, comme c'est le cas ici en Inde, mais aussi le surplus d'eau qui causera des déplacements. Les inondations qui ont touché le Bangladesh l'année dernière en sont l'illustration ».

Désorganisation

En outre, les effets du réchauffement climatique sur les précipitations sont pour l'heure difficiles à anticiper. « C'est sur l'Inde que la plus grande incertitude persiste », note encore la climatologue qui cite également les régions de l'Afrique de l'Ouest et de l'Est.

Selon l'experte, les vagues de chaleur, ainsi que leur intensité et leur durée, devraient encore augmenter à l'avenir. Une menace encore aggravée par l'augmentation constante de la population, qui fait mécaniquement croître les besoins en énergie et en eau, notamment pour produire la nourriture. L'agriculture indienne s'approprie 83 % des ressources en eau contre seulement 5 % pour l'usage domestique.

Mais en Inde, le manque d'eau n'est pas uniquement le résultat de la sécheresse. La désorganisation de l'Etat dans la gestion de cette ressource est régulièrement pointée du doigt par les ONG. Pour montrer qu'il prend le problème à bras-le-corps, le gouvernement a annoncé fin mai la création d'un ministère de l'Eau. Un minimum quand on sait que plus de 600 millions de personnes, soit la moitié de la population indienne, ne disposent pas d'un accès direct à l'eau.

Gabriel Nedelec

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