Foot, hand, natation... Comment améliorer la reconversion des sportifs de haut niveau dans la région

Jacques-Henri Eyraud, le président de l'OM (à g.), et Jérôme Fernandez, l'entraîneur du PAUC (à dr.), ont avancé quelques pistes pour améliorer la reconversion des sportifs de haut niveau dans la région

Jacques-Henri Eyraud, le président de l'OM (à g.), et Jérôme Fernandez, l'entraîneur du PAUC (à dr.), ont avancé quelques pistes pour améliorer la reconversion des sportifs de haut niveau dans la région

Photo Julien Pompey

Si d’anciens athlètes parviennent à se reconvertir avec talent et succès, une grande majorité éprouve beaucoup de difficultés pour gérer leur après-carrière…

Ils sont pour la plupart passés de la lumière à l’ombre. Du statut de célébrité, voire de star, à un quasi-anonymat. Pour certains, cette transition a été bien préparée et étudiée ; pour d’autres, elle a été instantanée et totalement improvisée… "La reconversion des sportifs de haut niveau est un aspect important mais très peu abordé et médiatisé alors que cela concerne plus de 3000 athlètes chaque année", souligne Sophie Bodin, docteur en sociologie et auteur d’une thèse sur le sujet.

Les anciens sportifs se retrouvent ainsi bien souvent seuls et confrontés à eux-mêmes, à l’issue de leur première carrière sur les terrains. "J’ai été totalement livré à moi-même, du jour au lendemain. Ça a été très compliqué car je n’avais absolument rien préparé. Je m’imaginais jouer à haut niveau durant de longues années, jusqu’au jour où je me suis gravement blessé…", explique un ancien footballeur ayant évolué à Arles-Avignon, lors de son éphémère passage en Ligue 1, et souhaitant garder l'anonymat pour "en profiter librement".

De son côté, l’ancien attaquant olympien, Djibril Cissé, a pu davantage s’y préparer. "J’ai toujours apprécié la musique et la mode. J’ai ainsi lancé et développé des activités en parallèle du ballon rond, qui m’ont permis de bien gérer ma reconversion professionnelle. Ça n’a pas été tous les jours évidents, mais je considère m’en être bien sorti au final", considère l’ancien footballeur international.

Eviter que le sportif soit confronté à un mur dans le futur

Cet aspect de la reconversion des sportifs de haut niveau a d’ailleurs été récemment abordé lors d’un événement du Club Éthic-Éco, organisé par l’Ordre des experts-comptables Marseille-Paca, portant sur le thème "Sport, Ethique et Entrepreneuriat" et se déroulant à la Commanderie, le centre d’entraînement de l’Olympique de Marseille. Jacques-Henri Eyraud était l’invité d’honneur de ce rendez-vous regroupant des dirigeants et des chefs d’entreprises de la région, ce qui lui a permis de détailler sa position sur ce sujet. "Durant toute sa carrière, le sportif professionnel est extrêmement encadré et surprotégé. Cela a pour conséquence qu’au moment de la reconversion, il est perdu. Et ce, pour plusieurs raisons. La première est que le sportif se porte trop tardivement sur son après-carrière. Il se retrouve ainsi face à un mur qui est celui de son futur, de son insertion dans la vie professionnelle… De ce fait, si la région veut s’impliquer dans ce chantier, il ne faut certainement pas le faire au moment de la fin de carrière, mais avec un accompagnement régulier", souligne le dirigeant olympien.

Le président de l’Olympique de Marseille insiste également sur le fait que "l’éducation du joueur est très importante. Nous essayons de développer cela dès le plus jeune âge de notre côté. Les jeunes du centre de formation sont envoyés en visite au Camp des Milles, nous amenons des personnalités de la société civile pour témoigner… Cela fait partie de leur éducation et permet de lutter contre la difficulté liée à l’isolement. C’est à nous, en tant que club de football, de favoriser cela pour que, toujours au moment de l’arrêt de la carrière, ils aient une vision suffisamment large pour imaginer le champ des possibles", ajoute-t-il.

Des passerelles mises en place avec des entreprises

Autre sport de ballon rond où la reconversion est abordée dès le plus jeune âge : le handball est engagé depuis des années dans cette "vraie bataille". "Nous avons la même problématique qu’au football, même si les parcours sont un peu différents. Les athlètes entrent en centre de formation après le lycée, avec l’obligation d’avoir un double projet, à la fois sportif et universitaire. Nous avons toujours été très sensibles à la réussite scolaire, qui est la condition sine qua non à un projet sportif professionnel", souligne Jérôme Fernandez, l’entraîneur du PAUC. Et de confier : "Dans mon club, j’ai même envie d’aller plus loin : je souhaite que les joueurs puissent avoir un contrat professionnel qu’à partir du moment où ils ont un diplôme universitaire."

Si la formation est un aspect très important, une autre dimension peut faciliter la reconversion des sportifs de haut niveau : la mise en place de partenariats avec des entreprises. Le Cercle des Nageurs de Marseille (CNM) dispose ainsi d’un programme avec la Caisse d’Epargne CEPAC pour faciliter et accompagner la reconversion de ses athlètes, avec l’appui du fonds d’investissement Connect Pro. "Ce programme, que l’on a pérennisé il y a près d’un an en intégrant le water-polo, est à la fois un projet d’audace et de responsabilité, qui offre la possibilité aux athlètes de vivre pleinement et sereinement ces moments de sport rares et intenses, tout en préparant leur après-carrière", explique Joël Chassard, le président de la Caisse d’Epargne CEPAC.

Une passerelle notamment empruntée par Théo Bussière, nageur de l’équipe élite du CNM, double champion de France du 100 m brasse ayant participé aux JO de Rio en 2016. "Ce partenariat est rassurant car la carrière sportive peut très rapidement basculer… D’avoir des gens pouvant vous accompagner, c’est vraiment sécurisant et permet au final de vraiment se consacrer sur sa carrière !", explique le sportif.


Les partenaires du HubEco La Provence Bouches-du-Rhône sont conviés jeudi 25 avril, de 9h à 11h, à l’Orange Vélodrome pour débattre autour du thème : "Sport business : Aix-Marseille tient-elle son rang au classement ?". A cette occasion, il sera notamment abordé l’engagement des entreprises provençales dans le sport, les retombées envisagées et les possibilités du e-sport…