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Vaches à hublot : les images du cauchemar

Image extraite de la vidéo sur les vaches à hublot.
Image extraite de la vidéo sur les vaches à hublot. © L214
Anne-Cécile Beaudoin

L’association L214 diffuse aujourd’hui une enquête réalisée dans le premier centre privé de recherche en nutrition animale d’Europe, situé dans la Sarthe. Vaches à hublot, poulets difformes, cochons, veaux et lapins détenus dans des conditions déplorables… Les images suscitent l’indignation.

Le 23 novembre 1646, dans une lettre adressée au Marquis de Newcastle, René Descartes décrivait sa théorie selon laquelle l’animal ne serait qu’une machine. Un objet comparable à une horloge, composé de pièces mécaniques, de ressorts. Près de quatre siècles plus tard, la croyance semble encore bien ancrée, comme en témoigne la nouvelle vidéo diffusée aujourd’hui par l’association L214. Réalisées entre février et mai 2019 dans une ferme expérimentale basée dans la Sarthe, les images, commentées par le présentateur Nagui, sont particulièrement difficiles. On y voit des vaches à hublot, leur flanc ayant été perforé pour la pose d’une canule d’une quinzaine de centimètres afin de permettre aux chercheurs d’accéder au rumen, c’est-à-dire l’un des quatre estomacs de l’animal.

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Des enclos et des cages minuscules

Les bêtes sont parquées dans un bâtiment au sol bétonné, sans paille, pataugeant dans leurs excréments, l’urine, la crasse. Dans cet antre façon Frankenstein, il y a aussi des poulets déplumés, incapables de tenir sur leurs pattes tant ils sont devenus obèse. Des cochons, des veaux, des lapins, détenus dans des enclos et des cages minuscules, vides de tout aménagement. Objectif des recherches : tester l’alimentation des animaux d’élevage, l’adapter à des besoins déterminés. Pour faire plus gros, plus fort, plus productif. Ainsi, avec cette course à la performance économique, les chiffres sont devenus vertigineux. « Les poulets grossissent 4 fois plus vite : ils atteignent 1,5 kg en moins de 30 jours, alors qu’il en fallait 120 dans les années 1950, rappelle L214. Les poules pondent près de 300 œufs par an contre une vingtaine lorsqu’elles vivaient à l’état sauvage. Les vaches produisent plus de 6 700 litres de lait par an, soit 2 fois plus qu’en 1970, 4 fois plus qu’en 1945. Les truies donnent naissance à 29 petits par an, contre 16 en 1970. Les porcelets mettent aujourd’hui 165 jours pour atteindre le poids de 100 kg, alors qu'il en fallait encore 180 en 1990… »

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Attention les images peuvent heurter les plus sensibles

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La « Ferme d’innovations et de recherches de Sourches », dans laquelle l’enquête a été réalisée, est le plus grand centre d’expérimentation zootechnique privé en Europe. « Ses travaux s’étendent du végétal à l’animal, pour une approche globale et pragmatique des enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation », peut-on lire sur le site www.sourches.com de l’établissement. Il appartient à l’entreprise Sanders, leader français de la nutrition animale et filiale du groupe agro-industriel Avril. Dans un communiqué diffusé mercredi soir, le groupe Avril explique, à propos des vaches à hublot, que « ce procédé représente à l’heure actuelle l’unique solution permettant d’étudier la rumination.

Cette analyse est essentielle à de nombreux progrès en élevage et permet notamment d’améliorer la santé digestive de millions d’animaux, de réduire l’usage d’antibiotiques en élevage et de réduire les émissions de nitrates et de méthane liées à l’élevage. En France, ce procédé est encadré par la réglementation et fait l’objet d’une autorisation du ministère en charge de la Recherche (…). Au-delà de la réglementation, et parce qu’il s’agit d’un acte invasif, la ferme de Sourches est engagée depuis plusieurs années dans une démarche volontaire qui a permis de réduire de moitié le nombre de vaches concernées par ce procédé en 10 ans ». Le communiqué précise aussi l’objectif « de remplacer d’ici à 2025 l’essentiel des tests sur animaux par des méthodes alternatives ». Contacté par téléphone, le groupe Avril n’a pour l’heure pas donné suite à nos questions sur l’état des animaux et leurs conditions de vie.

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Suite à cette enquête, L214 interpelle le gouvernement sur ces pratiques en adressant une pétition aux ministres de la Recherche et de l’Agriculture pour demander la fin de ce type de recherches, qu’elles soient privées ou publiques. L’association porte également plainte contre le centre de Sourches pour expérimentations en dehors des objectifs définis par la loi et pour sévices graves sur les animaux auprès du procureur de la République du Mans. 

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