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En Arabie saoudite, la discothèque « halal » n’a jamais pu ouvrir ses portes

Ce club à Djedda devait être mixte, sans contrainte vestimentaire pour les femmes et sans alcool. Il a pourtant suscité la colère avant même son ouverture.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 19 juin 2019 à 11h30, modifié le 19 juin 2019 à 18h44

Temps de Lecture 8 min.

Dans un restaurant de Djedda (Arabie saoudite), le 14 avril.

A Djedda, le grand port saoudien sur la mer Rouge, la saison estivale promet d’être animée. Feux d’artifice, concerts en plein air, sports nautiques, lounges et cafés éphémères : tout a été fait pour attirer le maximum de visiteurs étrangers dans la cité et faire honneur à sa réputation de ville la plus décontractée d’Arabie saoudite. Baptisé « Jeddah Season », ce festival participe des efforts déployés par le prince héritier, Mohammed Ben Salman, l’homme fort de la couronne, surnommé « MBS », pour développer le tourisme dans le royaume, dépoussiérer son image sur la scène internationale et drainer les investissements.

Mais les festivités ont commencé sur une fausse note. Un établissement de nuit, aménagé sur la corniche, s’est vu retirer sa licence début juin, le jour même de son ouverture. Déclinaison locale d’une fameuse boîte de Dubaï, le White Club, l’endroit devait permettre à la jeunesse dorée de Djedda de mixer charia et Shakira, de s’adonner à son goût de la fête sans s’affranchir complètement du rigorisme saoudien.

Il s’agissait de créer une discothèque « halal » (« licite » ), mixte, sans contrainte vestimentaire pour les femmes, dispensées du port de l’abaya (la tunique noire réglementaire), mais sans la moindre goutte d’alcool, interdit majeur dans le royaume. Un cadre respectant les règles de la libéralisation à petits pas impulsée par « MBS ».

Accès de grogne

Mais une vidéo des lieux, diffusée la veille de l’ouverture, montrant la piste de danse et un comptoir de bar a eu raison de ce projet. En l’espace de quelques heures, les comptes Facebook et Instagram de la société gérant la marque White ont été saturés de messages goguenards et indignés. Sous le hashtag #Jeddah_Disco, des milliers d’internautes ont vilipendé cette initiative, arguant qu’elle souillait le berceau de l’islam. Une image montrant une femme voilée de la tête au pied, agrippée à une barre de pole dance, a fait le tour d’Internet.

Cet accès de grogne a convaincu l’Autorité générale du divertissement, chargé du développement des loisirs, de la nécessité de temporiser. Au motif qu’elle n’aurait pas respecté son cahier des charges, la vraie-fausse discothèque a perdu son agrément. Le chanteur de R’n’B américain Ne-Yo, qui devait se produire lors de l’ouverture, jeudi 13 juin, a annulé son concert d’un Tweet lapidaire.

Cette marche arrière est caractéristique de la méthode « MBS » . Le prince héritier adapte le rythme de ses réformes aux réactions des réseaux sociaux. Mais le cap ne varie guère. Si le White saoudien a été sacrifié, d’autres simili-boîtes de nuit sont au programme de la « Jeddah Season », comme le Music Hall, un cabaret à succès, qui opère déjà à Beyrouth et Dubaï.

Des rumeurs insistantes laissent même entendre que la consommation d’alcool pourrait bientôt être autorisée dans certaines zones très fréquentées par les expatriées. « MBS ne s’arrêtera pas là, il a besoin de changer l’Arabie pour faire venir les investisseurs, confie un journaliste saoudien. Pour MBS, Dubaï est le modèle à suivre, c’est son nouveau Coran ».

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