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Drone abattu en Iran: Donald Trump aurait approuvé des frappes de représailles avant de se raviser

Selon la presse américaine, une opération aérienne aurait été lancée mais la Maison-Blanche aurait fait marche arrière au dernier moment. Washington et Téhéran se sont livrés à une guerre de communication sur la localisation exacte du drone abattu

Un RQ-4 Global Hawk des forces armées américaines, le 20 juin. — © AFP
Un RQ-4 Global Hawk des forces armées américaines, le 20 juin. — © AFP

La tension entre l'Iran et les Etats-Unis est encore montée d'un cran entre les Etats-Unis et l'Iran vendredi. Washington avait interdit jeudi soir les vols des compagnies aériennes américaines dans la zone où l'Iran a abattu un drone militaire américain, une frappe qualifiée d'«énorme erreur» par le président Donald Trump.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le ministre des Affaires étrangères adjoint Abbas Araghchi a «protesté énergiquement» par téléphone auprès de l'ambassadeur de Suisse à Téhéran (qui représente les intérêts américains) et lui a dit qu'«il y avait des preuves «irréfutables» de ce que le drone avait violé l'espace aérien iranien», contrairement à ce qu'affirme Washington, indique un communiqué des Affaires étrangères à Téhéran.

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Des frappes annulées

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Selon le New York Times qui cite de hauts responsables militaires américains, Donald Trump a initialement approuvé avant d'annuler des frappes contre «une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles», en représailles. La Maison-Blanche et le Pentagone ont refusé de commenter cette information.

Jeudi, Donald Trump avait vivement réagi dans un premier temps. «Notre pays n'acceptera pas cela, je peux vous le dire», a-t-il lancé, menaçant, avant d'essayer de faire baisser la température en évoquant la piste d'une erreur du côté iranien faite par quelqu'un de «stupide». «J'ai du mal à croire que cela était délibéré», a-t-il affirmé depuis le Bureau ovale.

L'Administration aéronautique fédérale américaine a décidé d'interdire le survol de l'espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d'Oman «jusqu'à nouvel ordre», en raison d'une «augmentation des activités militaires et la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l'aviation civile américaine».

Des différences dans les deux versions

Auparavant, Washington et Téhéran s'étaient livrés toute la journée à une guerre de communication sur la localisation exacte du drone de l'US Navy au moment de la frappe.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a assuré que des morceaux de l'appareil avaient été retrouvés dans les eaux territoriales iraniennes, «à l'endroit où il a été abattu». Le drone «a été touché à 4h05 (1h35 jeudi en Suisse) par 25°59'43" de latitude Nord et 57°02'25" (de longitude Est)», a-t-il tweeté.

De son côté, le Pentagone a assuré qu'il se trouvait à 34 km des côtes iraniennes et n'avait «à aucun moment» violé l'espace aérien iranien. Le Pentagone a publié dans la soirée une carte de la trajectoire du drone, qui le montre dans les eaux internationales ou omanaises, mais jamais dans les eaux iraniennes. Le document présente également une photo d'un appareil en feu, à 23h39 GMT (1h39 en Suisse) à 25°57'42" de latitude Nord et 56°58'22" de longitude Est. Il y a notamment une différence de quatre minutes dans l'horaire donné par les deux pays.

Selon le commandement central des forces américaines, le drone a été abattu par un missile sol-air iranien au-dessus du détroit d'Ormuz. Ce détroit est un point de passage stratégique pour l'approvisionnement mondial de pétrole, près duquel deux tankers ont été attaqués le 13 juin, environ un mois après des sabotages contre quatre navires à l'entrée du Golfe.

Des prises de position

En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l'Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l'escalade et la multiplication des incidents dans la région du Golfe font craindre qu'une étincelle ne mette le feu aux poudres.

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi contre un éventuel recours des Etats-Unis à la force contre l'Iran, estimant que cela serait «une catastrophe» pour la région.

De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a appelé la communauté internationale à soutenir les Etats-Unis face à l'Iran qui a intensifié «ses actes d'agression».

Le drone Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman) avait décollé mercredi à 19h44 GMT d'une base américaine sur «la rive sud du golfe Persique», «éteint tous ses dispositifs de reconnaissance», passé le détroit d'Ormuz et mis le cap vers l'est en direction du port iranien de Chabahar, ont affirmé les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d'Iran.Selon eux, l'appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).

La violation des frontières iraniennes est la «ligne rouge» à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens. «Notre réaction est, et sera, catégorique et absolue».