« La musique a différentes résonances, fréquences, intensités. Et nous utilisons une terminologie similaire pour parler des ondes cérébrales », dit la Dre Galina Mindlin.

Établie à New York, cette psychiatre a importé de Russie en Amérique du Nord le concept de Brain Music Therapy. Une méthode qui consiste à enregistrer les ondes cérébrales d’un patient à l’aide d’un électroencéphalogramme. Deux fichiers remplis des sons ainsi créés sont ensuite remis au participant, qu’il peut écouter selon l’effet qu’il recherche : l’un pour se détendre, l’autre pour s’énergiser.

Est-ce que les peines d’amour donnent une meilleure musique cérébrale, alors ? Celle qui a donné une conférence Talks at Google sur le sujet sourit. « Je ne qualifie pas ces ondes de musique. Cela dit, la peine d’amour est un mélange complexe de facteurs psychologiques, émotifs, parfois même physiques. Qui peuvent mener à l’insomnie, à l’incapacité d’aller travailler. Qui créent cette sensation de vide. »

Car, oui, la Dre Mindlin prend ces événements très… à cœur. « En peine d’amour, notre esprit est enclin à sombrer dans un cercle de pensées obsessives, douloureuses. Pour s’en sortir, il faut briser ce cercle. »

Mais pour ce faire, il faut du temps. Beaucoup de temps. « Il faut y aller doucement. Commencer par écouter un balado, par exemple. Quelque chose de neutre. Même le silence. »

Douceur ou bonne humeur

Dans le livre Your Playlist Can Change Your Life (Votre liste d’écoute peut changer votre vie), la Dre Mindlin indique que les succès-souvenirs de la relation en temps heureux sont bien entendu à éviter. « On recommande de la musique d’ambiance, de style spa. Ou quelque chose de rigolo comme des chansons de camp d’été, de dessins animés. L’important, c’est d’y aller un pas à la fois. »

Coauteur du livre, le Dr Joseph Cardillo abonde dans le même sens en préconisant les chansons pour enfants — à condition d’avoir eu une enfance heureuse. 

« Plus c’est drôle et nono, mieux c’est. Ces ritournelles peuvent amener du réconfort, rendre l’auditeur plus alerte, le sortir de son état de tristesse. »

Lui-même fils de violoniste, il rappelle que « la musique a été le premier médicament ». Dans un article paru sur le site de Psychology Today, il a d’ailleurs dressé une liste de suggestions visant à revigorer un cœur peiné. 

Parmi celles-ci, des classiques énergiques comme Good Vibrations et Eye of the Tiger côtoient Carmina Burana de Carl Orff et la comptine Old MacDonald Had a Farm. On s’étonne de ce dernier choix, pour ne pas dire que l’on grimace. Le psychologue américain s’esclaffe : « Ce qui est de la torture pour les uns peut être le paradis pour les autres ! Chacun doit utiliser ce qui fonctionne pour lui. »

Car la musique est liée aux souvenirs. Lui, par exemple, quand il se sent morose, met Le printemps de Vivaldi. L’effet est immédiat. Ça lui rappelle une sortie au concert, il y a longtemps, avec ses enfants. Mais encore une fois, chacun est différent. « La musique, c’est une chose aussi unique que les empreintes digitales. »