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ISLANDE

Huit ans, huit photos au même endroit : un Islandais expose de manière frappante la fonte d'un glacier

Une partie du glacier de Skaftafell en Islande, en 2012, puis totalement fondue, en 2019. Photo : Gudmundur Ogmundson
Une partie du glacier de Skaftafell en Islande, en 2012, puis totalement fondue, en 2019. Photo : Gudmundur Ogmundson
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De 2012 à 2019, un garde-forestier islandais a pris chaque année la même photo du glacier de Skaftafell, dans le sud-est de l’île. La comparaison de ces huit clichés, pris avec le même cadre, à peu près à la même période de l’année, montre comment la surface de la glace diminue année après année. Un témoignage frappant de la fonte des glaciers en Islande, phénomène accéléré par le changement climatique et qui pourrait avoir d’importantes conséquences sur le pays.

Les photos sont prises dans le parc national du Vatnajökull, qui accueille plusieurs des 269 glaciers d’Islande. Sur la première, prise en février 2012, la bande de glace visible est encore assez imposante. L’année suivante, une comparaison attentive avec le premier cliché montre que cette bande de glace a rétréci.

Le glacier de Skaftafell en 2012 / Gudmundur Ogmundson.

Le glacier de Skaftafell en 2013 / Gudmundur Ogmundson

C’est plus frappant encore en 2014.

 

Le glacier de Skaftafell en 2014 / Gudmundur Ogmundson.

En 2015, la fonte continue et en 2016, la glace visible depuis le point de vue adopté par notre Observateur, Gudmundur Ogmundson, n’est plus qu’un résidu.

Le glacier de Skaftafell en 2015 / Gudmundur Ogmundson.

Le glacier de Skaftafell en 2016 / Gudmundur Ogmundson

Le résidu se réduit encore en 2017, avant d’avoir totalement disparu en 2018.

Le glacier de Skaftafell en 2017 / Gudmundur Ogmundson

Le glacier de Skaftafell en 2018 / Gudmundur Ogmundson

Fin avril 2019, date du dernier cliché, elle n’a pas réapparu.

Le glacier de Skaftafell en 2019 / Gudmundur Ogmundson

Le glacier de Skaftafell existe toujours, mais la disparition de cette bande de glace encore visible il y a trois ans, montre bien qu’il fond, à l’instar de tous les glaciers islandais.

"Quand vous voyez un glacier tous les jours, vous ne réalisez pas forcément qu'il est en train de fondre"

Gudmundur Ogmundson est l'auteur des huit photos. Il est garde-forestier dans le parc du Vatnajökull. 

Je travaillais déjà dans le parc en 2012 et je savais que ce glacier reculait. Mais quand vous vivez à côté d'un glacier et que vous le voyez tous les jours, vous ne réalisez pas forcément qu'il est en train de fondre doucement.

En fait, ce projet photo est né un peu d'une coïncidence : en 2012, j'avais acheté un nouvel objectif pour mon appareil et j'ai pris des photos du glacier de Skaftafell. L'année suivante, en regardant mes photos, je me suis dit ça serait intéressant de refaire la photo depuis le même point de vue et à la même période de l'année, pour voir si on remarquait des différences. Et comme effectivement, dès 2013, la partie visible depuis ce point de vue avait diminué, j'ai recommencé chaque année, entre février et avril selon mes possibilités.

Les photos de Gudmundur Ogmundson.

Le point de vue depuis lequel j'ai pris les photos est celui qui donnait la meilleure vue sur cette partie du glacier quand elle existait encore. Chaque année, je pouvais constater grâce aux photos que le glacier rétrécissait et reculait. Ça n'a rien de surprenant, c'est le cas de tous les glaciers d'Islande. Je pense qu'il n'y a aucun doute possible sur le fait que ça soit lié au changement climatique.

Il y a de sérieuses conséquences à ce phénomène. Les glaciers sont des réserves d'eau importante, notamment pour la production d'énergie hydroélectrique [l'Islande produit plus de 80 % de son électricité avec des centrales hydroélectriques, NDLR]. La fonte fournit plus d'eau, donc c'est plutôt bénéfique pour les usines... pour le moment. À terme, elles pourraient manquer de ressources. Par ailleurs, les glaciers sont des réserves d'eau potable. Enfin, cette fonte modifie les écosystèmes des zones humides proches des glaciers, qui vont devenir plus sèches. Cela risque d'avoir un impact sur les plantes qui y poussent, mais aussi les insectes et les animaux, notamment les oiseaux, qui les fréquentent, qui ne s'y retrouveront plus et iront donc ailleurs.

Jusqu'à 300 mètres de moins par an

La surface des glaciers islandais recule depuis la fin du 19e siècle, mais le phénomène s'est accéléré très nettement depuis le milieu des années 1990. D'après les chiffres de l'Institut météorologique islandais, depuis 2000, ils ont perdu 750 km² de surface - soit plus du tiers des 2 100 km² concédés depuis la fin du 19e siècle. En 2018, certains glaciers ont reculé jusqu'à 300 mètres sur une seule année. En 2014, le glacier Ok avait officiellement été rayé de la carte de l'Islande.

L'Islande a connu un âge de glace, où l'ensemble du territoire était ouvert de glace, puis une période plus chaude. "Les changements que les humains sont en train de créer à travers les émissions de gaz à effet de serre sont d'une magnitude comparable à ceux qui ont eu lieu entre les deux périodes", s'inquiète Tomas Johannesson, glaciologue, cité par le site local The Reykjavik Grapevine. "Nous pouvons nous attendre à de sérieuses conséquences liées aux perturbations que nous causons dans le climat", ajoute-t-il. Par exemple, en modifiant le point de fonte du magma, la fonte des glaciers pourrait augmenter le nombre d'éruptions que connaît cette île volcanique.

À ce rythme, "on peut dire avec certitude que les glaciers auront en grande partie disparu dans quelques centaines d'années ", conclut Tomas Johannesson.

En avril, la vidéo de l'effondrement d'une partie d'un glacier, devant des touristes, avait fait le tour du monde.

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