Plus une pathologie
Si l’homosexualité n’est plus considérée comme une pathologie par l’OMS depuis 1992, elle est encore élevée au rang de trouble du comportement par certains milieux. Il s’agit en particulier de milieux religieux conservateurs. A l’image de l’Union démocratique fédérale (UDF), parti pour lequel «le point de référence en la matière est l’idéal biblique du mariage à vie, entre un homme et une femme». En février dernier, le président de sa section genevoise, Jean-Luc Ruffieux, expliquait à la RTS que «l’homosexualité pouvait être vue comme une lacune socio-affective, apparue dans l’enfance». Et que sa remise en question passe par «un bon accompagnement». Sur les sites internet d’associations évangéliques d’aide et d’écoute, comme Torrents de vie, les témoignages d’homosexuels «convertis» foisonnent. Avec comme trame de fond, la victoire sur une «addiction» comparable à la toxicomanie.
Les associations de défense des personnes LGBT dénoncent ces pratiques d’accompagnement, relevant qu’elles provoquent bien souvent des tendances suicidaires ou dépressives chez les personnes qui les suivent. Pour Muriel Waeger, directrice romande de Pink Cross, l’orientation sexuelle n’est pas un choix. Poussées par leur entourage, «les personnes LGBT concernées se mettent à penser qu’elles sont malades et se convainquent de recourir à une thérapie de conversion».
En 2016, interpellé par Rosmarie Quadranti au sujet de la punissabilité des thérapies traitant l’homosexualité chez les mineurs, le Conseil fédéral répondait ne pas avoir connaissance de l’existence de telles pratiques. Il n’envisageait pas le besoin de recourir à d’autres mesures que celles proposées par les autorités de protection de l’enfant et de l’adulte et les lignes téléphoniques d’aide et d’écoute déjà fonctionnelles. C’est pourquoi Pink Cross, considérant que le Conseil fédéral «se voile la face», s’est alliée aux deux parlementaires zurichois en vue d’interdire ces «pratiques de l’ombre».