L'enzyme de jouvence existe... chez la souris

photo d'illustration | Keystone
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Allonger l’espérance de vie et réduire les signes du vieillissement est au cœur des recherches de nombreux laboratoires dans le monde. S’ils n’ont pas encore découvert la recette de l’élixir de jouvence universel, des chercheurs américains publient des résultats expérimentaux très prometteurs.

Pourquoi c’est intéressant. De précédents travaux avaient déjà découvert le rôle d’une molécule, appelée NAD+, dans les processus de vieillissement. Ces nouveaux travaux mettent en évidence les propriétés anti-âge d’une seconde enzyme, qui augmente la production de NAD+, ce qui aurait des effets à la fois sur les signes de vieillissement et la durée de vie.

Accrochez-vous, c’est un peu compliqué : le NAD+ (nicotinamide adenine dinucleotide) intervient dans la prévention des processus de vieillissement. Ce co-enzyme joue un rôle clé dans de nombreuses réactions métaboliques. Les travaux que vient de publier dans Cell Metabolism l’équipe de Shin-ichiro Imai, mettent en évidence les propriétés anti-âge de la NAMPT extracellulaire (nicotinamidephosphoribosyltransferase), qui accroît la production de NAD+.

Comment les chercheurs ont procédé. Les scientifiques ont constaté que la concentration sanguine de eNAMPT décroît avec l’âge et est proportionnelle à la longévité… du moins chez la souris, modèle animal utilisé pour cette étude. Les chercheurs ont donc extrait de la eNAMPT dans le sang de jeunes souris de 4 mois avant de l’injecter, sur quatre jours consécutifs, à de vieilles souris de 20 mois.

Ce que montrent les résultats. Des effets bénéfiques sur les capacités physiques et cognitives des animaux traités mais aussi sur leur apparence apparaissent.

  • En plus de pratiquer plus d’activité physique (c’est-à-dire courir dans leur roue plus volontiers), les souris traitées présentaient un poil plus fourni et soyeux, notent les auteurs!

  • Les habitudes de sommeil de ces animaux se rapprochaient également de ceux des souris jeunes.

  • En plus d’inverser les signes de vieillissement, les injections de eNAMPT ont permis d’allonger l’espérance de vie des souris de 16% (1029 jours en moyenne contre 881 jours pour le groupe contrôle).

Les auteurs relèvent toutefois que cette augmentation de longévité pourrait être due, au moins en partie, à l’augmentation de l’activité physique chez les animaux traités.

Quelles implications pour l’être humain? Ceux qui se réjouissaient déjà de ces résultats devront être patients.

  • Les chercheurs soulignent qu’il leur faut avant tout déterminer désormais si la eNAMPT est aussi importante dans le vieillissement l’humain que chez la souris.

  • Bien qu’ils n’aient pas observé d’augmentation de développement de tumeurs chez les animaux traités, les auteurs soulignent qu’il est important de vérifier que l’augmentation de synthèse de NAD+ n’a pas d’incidence sur le risque de cancers.

  • Enfin, et surtout, la question qui reste en suspend si l’on imagine une quelconque application chez l’homme, est celle de la source de eNAMPT.

Et bien ce ne serait peut-être pas l’écueil majeur. Des instituts proposent en effet déjà des injections de plasma prélevé sur de jeunes gens pour ralentir le vieillissement des plus âgés. Le phénomène étant loin d’être anecdotique auxÉtats-Unis notamment, la FDA a publié en février dernier une mise en garde sur ces pratiques…