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Tokyo ira chasser la baleine ailleurs

Le Japon s'est soumis mercredi à la décision de la Cour internationale de justice et a annulé son expédition en Antarctique, mais compte bien poursuivre sa chasse au cétacé dans le Pacifique Nord.
par AFP
publié le 3 avril 2014 à 12h04

Fini la chasse à la baleine pour le Japon. Mais seulement en Antarctique. Pour la première fois en vingt-sept ans, le Japon a annoncé jeudi, suite à une décision de la Cour internationale de justice, qu’il renonçait à sa prochaine campagne dans les eaux glacées de l’hémisphère Sud. Mais il ne rangera pas ses baleiniers pour autant.

«Nous prévoyons de poursuivre le programme de recherche baleinier ailleurs comme prévu», a expliqué un responsable jeudi matin. C'est donc de mauvaise grâce que Tokyo a accepté de se plier à la justice internationale. Alors pour contrer cette décision et continuer la chasse au cétacé, les baleiniers japonais mettront désormais les voiles sur le Pacifique Nord.

Une activité commerciale déguisée

La Cour internationale de justic, la plus haute instance juridique de l'ONU, avait estimé lundi que le Japon masquait une activité commerciale derrière son programme de recherches scientifiques. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, avait alors déclaré qu'il allait se «conformer à cet arrêt».

«Tout le monde savait depuis longtemps que l'appellation "pêche scientifique" n'était qu'un prétexte à une chasse commerciale», explique le chercheur Jeffrey Kingston, de l'Université Temple de Tokyo.

Certes, les Japonais mangent de moins en moins de viande de baleine et ne sont pas tous derrière leur flotte. Mais beaucoup vivent mal les campagnes anti-Japon menées par des écologistes et gouvernements étrangers. «Jusqu'ici, la population ne s'est pas fortement mobilisée pour la chasse à la baleine, en fait les gens sont surtout anti-anti», ajoute-t-il. Et bien que, selon lui, «l'Agence des pêches et ses relais politiques au Parlement ont subi une humiliation et un très gros revers», il ne prédit pas pour autant un «sursaut nationaliste» après la décision de la cour.

Depuis des années, les baleiniers nippons n’ont pas été lâchés d’une semelle par les navires des écologistes de Sea Shepherd, qui les ont harcelés à chaque campagne et ont battu le tambour médiatique avec efficacité, vidéos à l’appui.

«Attaques culturelles»

Pendant ce temps-là, le Japon restait arc-bouté sur «sa» pêche scientifique, même si certains mettaient aussi en avant la culture et la tradition, tel Yoshimasa Hayashi, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche.

Originaire d'un grand port baleinier de l'ouest du pays, Yoshimasa Hayashi dénonce «des attaques culturelles, des préjugés sur la culture japonaise». «C'est une culture, et une longue tradition historique», disait-il en février 2013, tout en essayant de retourner le gant : «Dans certains pays, on mange du chien, en Australie du kangourou. Nous, on ne mange pas ces animaux, mais on ne leur demande pas d'arrêter parce que nous comprenons que cela fait partie de leur culture.»

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