Changement climatique: la NASA tirait déjà la sonnette d'alarme il y a plus de 30 ans

Changement climatique: la NASA tirait déjà la sonnette d'alarme il y a plus de 30 ans

© CHIP SOMODEVILLA - AFP

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Par Avec Sonia Dridi, correspondante RTBF aux Etats-Unis

Le 23 juin 1988, James Hansen, directeur du Goddard Institute for Space Studies (GISS), un laboratoire de la NASA, tirait déjà la sonnette d'alarme sur les conséquences du réchauffement climatique. 31 ans plus tard, son discours est plus d'actualité que jamais.

James Hansen est le premier à avoir attiré l'attention du monde sur le péril climatique en juin 1988. A cette époque, la chaleur est étouffante aux Etats-Unis, l’été est brûlant et sec et les pénuries d'eau ont commencé. Dans les Etats céréaliers, les fermiers savent qu'ils vont à la catastrophe. Les médias ne cessent de parler des records de température et rapportent d'ailleurs les nombreux départs d'incendies qui frappent le pays.

Le 23 juin 1988, James Hansen est auditionné par une commission du Sénat. Durant cette audition, il fait une révélation de taille et assure que les températures anormalement élevées, la sécheresse qui dure, ne relèvent pas de la variabilité naturelle du climat mais des activités humaines. Et qu'avec le temps, cette tendance ne fera que s'accentuer. Il ajoute qu'il est sûr de lui "à 99 %". A l'époque, son affirmation défraie la chronique et dérange beaucoup, notamment du côté de la Maison Blanche.

Très critique contre l’industrie du charbon aux Etats-Unis, le discours de Jim Hansen est jugé trop alarmiste et sûrement trop coûteux aux yeux de l'administration qui essaye de diminuer la portée de son message. Avant de témoigner oralement, Hansen avait dû soumettre sa déposition écrite au quartier général de la NASA qui, à la demande de la Maison Blanche, l'avait sérieusement amendée.

Son combat continue

En 2013, Jim Hansen a pris sa retraite de la Nasa, affirmant qu'il souhaitait jouer un rôle plus actif d’un point de vue politique et juridique pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il a aussi déclaré que tant qu’il était son employé, il ne pouvait pas poursuivre l’État devant les tribunaux. 

James Hansen a d’ailleurs été arrêté plusieurs fois lors de manifestations, notamment devant la Maison Blanche. Il a régulièrement critiqué les positions de toutes les administration aussi bien Clinton, Bush qu'Obama. Il a aussi expliqué avoir été victime de pression lors de sa carrière à la NASA, et fait l'objet de surveillance lorsqu’il donnait des interviews.

Il a continué son combat toutes ces années en dénonçant les politiques publiques, parlant de tentatives de désinformation. James Hansen a régulièrement déclaré que la volonté des Etats-Unis de ne pas contrôler ses rejets de gaz à effet de serre allait contribuer à "produire une tout autre planète".

Grâce à lui d’autres scientifiques ont admis petit à petit être soumis à un étroit contrôle politique, notamment sous l'administration Bush qui contrôlait de près la communication des résultats de la recherche en sciences du climat. Aujourd’hui encore, James Hansen ne cache pas son immense frustration vis-à-vis des climato-sceptiques nombreux dans l'administration Trump. Si son nom n'est aujourd'hui pas encore connu de tous, sa cause est plus d'actualité que jamais.

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