Orwell journaliste : "A ma guise, chroniques 1943-1947" : épisode • 4/4 du podcast George Orwell, what else ?

Georges Orwell en 1941 ©Maxppp - PHOTOSHOT
Georges Orwell en 1941 ©Maxppp - PHOTOSHOT
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Orwell journaliste est une figure méconnue, mais passionnante, parce qu’Orwell voyait dans son métier un espace de liberté. A rebours de l’idée que l’on se fait du journalisme, il offre le modèle d'un journalisme indépendant, émancipé des contraintes.

Avec

Orwell journaliste mettait en pratique sa formule célèbre : "Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d’entendre". Chroniquer le monde, c'est assumer des vérités inconfortables dans une période sombre, en s'autorisant, toutefois, à évoquer la reproduction des crapauds, la vaisselle, Marc Aurèle, les rosiers, les maladies vénériennes...

Le texte du jour

"À propos de mes remarques sur les grilles qui entourent de nouveau les squares londoniens, un lecteur m’écrit : « Les squares dont vous parlez sont-ils publics ou privés ? S’ils sont privés, je pense que vos propos sont, pour parler clair, une pure et simple justification du vol, et qu’ils devraient être jugés comme tels ».

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Si rendre la terre d’Angleterre au peuple anglais est du vol, je suis ravi d’appeler cela du vol. Dans son zèle pour la défense de la propriété privée, mon correspondant ne prend pas le temps de se demander comment les soi-disant propriétaires de la terre en ont pris possession. Ils l’ont purement et simplement accaparée de force, puis se sont offert les services de juristes pour leur fournir des actes de propriété. […] Ils se sont emparés de l’héritage de leurs propres compatriotes tout à fait ouvertement, sans avancer le moindre prétexte, sauf la loi du plus fort. […] S’il est souhaitable que chacun puisse être propriétaire de son propre domicile et s’il est sans doute souhaitable qu’un paysan possède autant de terres qu’il peut effectivement en cultiver, l’existence d’un propriétaire foncier dans les zones urbaines n’a en revanche ni justification ni fonction. C’est seulement un individu qui a trouvé le moyen de faire du public sa vache à lait sans rien donner en retour. Il fait monter le prix des loyers, il rend l’aménagement de l’espace urbain plus difficile et il interdit les espaces verts aux enfants : c’est littéralement tout ce qu’il fait, à part toucher ses rentes. La disparition des grilles dans les squares était un premier pas dirigé contre lui. C’était un tout petit pas, mais un pas appréciable, comme le montre le mouvement actuel de rétablissement des grilles. Pendant près de trois ans, les squares sont restés ouverts et leur gazon sacré a été piétiné par les enfants de la classe ouvrière — une vision qui suffit à faire grincer les dentiers des boursicoteurs. Si c’est du vol, alors tout ce que je peux dire, c’est : vive le vol !"

- Georges Orwell, A ma guise, chroniques, 1943-1947 (Agone, 2008) pp 224-225

Lectures

- Georges Orwell, A ma guise, chroniques, 1943-1947 (Agone, 2008) pp 385-386

- Georges Orwell, A ma guise, chroniques, 1943-1947 (Agone, 2008) pp 224-225

Références musicales

- Simon & Garfunkel, O clock new/ Silent night

- Arthur Foote, Suite en mi majeur

- Brahms, Sonate n°1 en mi mineur

- Renee Lebas, Messieurs les journalistes

Jean-Jacques Rosat
Jean-Jacques Rosat
- JJR

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