Saint-Pierre-ès-Champs : disparu pendant 21 ans, le papillon rare fait son retour

Le Damier de la Succise vient d’être redécouvert par hasard par des étudiants belges. Les responsables de la réserve naturelle le cherchaient depuis de longues années.

 Le Damier de la Succise, espèce en voie de disparition, vient d’être redécouvert dans la réserve naturelle de Saint-Pierre-ès-Champs.
Le Damier de la Succise, espèce en voie de disparition, vient d’être redécouvert dans la réserve naturelle de Saint-Pierre-ès-Champs. LP/Marie Briand-Locu

    « Il a regardé les ailes du papillon et s'est figé pendant quelques secondes. J'ai vu à sa tête qu'il se passait un truc important », se souvient Marie, stagiaire à la réserve naturelle de Saint-Pierre-ès-Champs. Impossible pour elle d'oublier cette journée de mai, lorsque deux élèves de l'université de Louvain (Belgique), en visite sur le site, se sont approchés avec leur trouvaille enfermée dans une boîte transparente.

    Damien Top, chargé d'études au Conservatoire d'espaces naturels de Picardie, n'en revient toujours pas : « Ils avaient capturé le Damier de la Succise! » Une espèce protégée inscrite sur les listes européennes et disparue de cette réserve naturelle depuis… 21 ans. Quelques minutes plus tôt, le responsable venait justement d'énumérer les actions mises en place pour le retrouver.

    Le Damier de la SucciseConservatoire d‘espaces naturels de Picardie
    Le Damier de la SucciseConservatoire d‘espaces naturels de Picardie LP/Marie Briand-Locu

    La stupeur passée, Damien Top s'est empressé d'annoncer la nouvelle au président du conservatoire. « Il est parti illico presto, rigole Marie. Mais c'est normal, c'est une grande nouvelle pour la réserve ! »

    « Je l'ai tellement cherché que je ne l'attendais plus ! »

    Depuis plusieurs années, le conservatoire, en partenariat avec la commune, entretient les coteaux calcaires, suffisamment proches les uns des autres à « vol de papillon ». Une spécificité géologique propre aux Pays de Bray et à la Normandie et, surtout, propice à la reproduction du papillon rare.

    « En pâturant et labourant, on favorise le mélange des espèces sur une large zone », informe Damien Top, encore abasourdi : « Je l'ai tellement cherché que je ne l'attendais plus ! » Pourtant, il y a un peu plus de 20 ans, une dizaine de Damier de la Succise coulait des jours tranquilles dans la réserve. « On a perdu 95 % des coteaux, pelouses et orchidées en Picardie, d'où une forte régression des papillons », regrette le chargé d'études.

    «Un papillon a une courte durée de vie »

    Cette découverte s'ajoute à celle de la Mélitée des scabieuses, un joli spécimen aux dégradés marron, en 2017. Bien implanté en Normandie, il était peu présent dans l'Oise. « On l'a observé sur le site alors qu'il n'y était pas jusque-là. En Normandie, la population diminue alors que chez nous il a colonisé tous les coteaux. » La raison ? « Les mystères de la nature », sourit Damien Top.

    Malheureusement, il est inutile de chercher du regard le Damier de la Succise découvert par les étudiants belges. « Il est mort, un papillon a une courte durée de vie. » L'espoir, désormais, est que cette découverte soit le signe d'un retour pérenne. Pour le savoir, un peu de patience : il faudra attendre la saison prochaine.

    De nombreuses espèces menacées dans le département