Sartre, "L’existentialisme est un humanisme" : épisode • 1/5 du podcast 5 livres qui changent la vie

Jean-Paul Sartre en 1946 ©Getty - Votava/Imagno
Jean-Paul Sartre en 1946 ©Getty - Votava/Imagno
Jean-Paul Sartre en 1946 ©Getty - Votava/Imagno
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L’été est l’occasion de lire des grands classiques de la philosophie. Aujourd’hui, Sartre et sa thèse magistrale de l’existence qui précède l’essence !

J’ai beaucoup hésité pour cette dernière semaine de la saison : revenir sur les meilleurs essais de l’année, parler des vacances… et puis finalement, comme l’été est toujours l’occasion de couper un peu avec l’actualité, je me suis dit « autant en profiter pour lire des classiques de la philosophie ». Je vous ai ainsi fait une sélection de 5 livres de philo qui changent la vie…. rien que ça ! 

Je préfère le dire tout de suite : c’est une sélection qui n’a rien d’objectif, d’exhaustif ou de normatif, elle est totalement subjective. Elle tient pour beaucoup à l’âge, aux professeurs, aux circonstances dans lesquelles j’ai lu ces livres. A chacun donc sa propre sélection, n’hésitez donc pas à discuter la mienne et à proposer la vôtre. Je commence, pour ma part, comme j’ai commencé, en terminale, par Sartre et L’existentialisme est un humanisme

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Décider ce que l’on est

Vous imaginez le choc ! Peut-être l’avez-vous vécu vous-mêmes à 17 ans ! Peut-être vous aussi, au lycée ou ailleurs, avez-vous eu entre les mains L’existentialisme est un humanisme de Sartre, ce texte court de 1946, qui a lancé le philosophe et son courant existentialiste. Texte, qui je le précise, n’était qu’une simple conférence, et est devenu une sorte de manifeste.
Et il y a de quoi : nous sommes condamnés à être libres, l’idée que développe ce texte est bien « terrifiante » comme le dit lui-même Sartre. Mais c’est une idée qui change la vie : déjà parce qu’elle dit, elle révèle au grand jour ce que l’on pressent, très jeune, de la liberté et de sa dimension brute, absolue,  non-négociable. Mais c’est aussi une idée qui change la vie parce qu’elle donne précisément envie de vivre autrement, et pas seulement pour soi-même. 

Décider de soi pour tous 

On a beaucoup vu Sartre comme une sorte de tyran qui s’est peu à peu embrouillé avec tout le monde : Camus, Merleau-Ponty, Aron, entre autres, Boris Vian n’a d’ailleurs pas hésité à le moquer en l’appelant Jean-sol Partre… mais il faut le dire : Sartre, quand on le lit, est séduisant, et tout particulièrement ce texte simple, bref, sans détour, qu’est L’existentialisme est un humanisme

En une idée, celle de dire que l’existence précède l’essence, il révolutionne non seulement une manière de penser la vie, intellectuellement, conceptuellement, avec les notions de liberté, de puissance, de responsabilité, d’universalité, mais aussi de la vivre. Qu’est-ce que je décide de faire, comment est-ce que je peux décider de mener ma vie, comment, aussi, même en ne faisant rien, je fais quand même quelque chose, et comment ma décision engage plus que moi, tous les hommes, l’universel… 

Sartre envers et contre tous 

Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il est de bon ton de critiquer Sartre, pour son désespoir, sa radicalité, le côté séduisant aussi, et donc facile, peu nuancé peut-être, de certaines de ses formules. Pour ma part, j’ai eu la chance de le retrouver à la fac, de lire L’être et le néant ou la Critique de la raison dialectique, et je l’ai toujours autant aimé. Je n’ai par contre jamais relu ce texte, L’existentialisme est un humanisme. Mais je suis sûre, encore maintenant, que je préfère avoir tort avec les colères et les postures, l’écriture et la pensée d’un Sartre, qu’avoir raison avec pas mal de ses adversaires. 

Sons diffusés :

  • Archives Sartre Les Temps modernes
  • Lecture de L’existentialisme est un humanisme par Jean-Louis Jacopin

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