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Des membres de l’opposition laïque égyptienne ciblés dans une affaire de complot

Les autorités égyptiennes affirment avoir déjoué un complot contre l’Etat mené par des membres de la confrérie des Frères musulmans et de l’opposition civile, ce que cette dernière conteste.

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Publié le 26 juin 2019 à 11h25

Temps de Lecture 3 min.

Des fils barbelés autour du palais présidentiel, au Caire, le 16 décembre 2012.

Le ministère de l’intérieur égyptien a annoncé, mardi 25 juin, avoir mené un coup de filet contre des individus et 19 entreprises accusées d’être impliquées et de financer le « plan Espoir », décrit dans un communiqué comme un « complot entre la direction en exil de la confrérie des Frères musulmans et l’opposition civile [en Egypte] pour viser l’Etat et les institutions afin de les renverser à la date du 30 juin ».

A cette date symbolique, il y a six ans, un vaste mouvement populaire contre le président Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, ouvrait la voie à son renversement par l’armée, le 3 juillet, et l’arrivée au pouvoir de son homme fort, le président Abdel Fattah Al-Sissi.

« Le plan Espoir dont parlent les autorités est une coalition embryonnaire, qui n’avait même pas encore de nom officiel », Hisham Qassem, intellectuel laïque et libéral

La mort de l’ancien président islamiste, le 17 juin, d’une « attaque cardiaque », selon les médias étatiques, en plein procès, a relevé d’un cran le niveau d’alerte au sein de l’appareil sécuritaire face aux appels à la mobilisation des Frères musulmans, classés organisation terroriste et violemment réprimés. Mais le récit, encore peu étayé, de ce vaste complot liant des Frères musulmans à des membres de l’opposition civile est contesté par ces derniers et par l’organisation Amnesty International, qui dénonce des « arrestations arbitraires » révélatrices d’une « escalade de la répression contre l’opposition et la société civile dans le pays ».

« Le plan Espoir dont parlent les autorités est une coalition embryonnaire, qui n’avait même pas encore de nom officiel. Nous nous réunissons entre personnalités de tout bord de l’opposition libérale, de gauche… à l’exception justement des islamistes, dont l’expérience au pouvoir nous a laissé un très mauvais souvenir », a expliqué au Monde Hisham Qassem, un intellectuel laïque et libéral qui a fondé le quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm.

« Répondre à l’apathie montante »

Parmi les membres de cette coalition, qui se réunissent depuis environ deux mois, figurent des partis d’opposition légalement enregistrés comme le Parti social démocratique égyptien et le Parti des conservateurs, ainsi que des personnalités comme l’ancien candidat de gauche à la présidentielle Hamdine Sabbahi ou le défenseur des droits de l’homme chrétien George Ishak.

« Notre seul objectif est de répondre à l’apathie montante et de créer une dynamique pour que tout le monde participe aux élections législatives de 2020. Cette coalition n’a pas vocation à remplacer les coalitions politiques qui se présenteront », poursuit M. Qassem. « Aucun d’entre nous n’a été impliqué avec les islamistes. Et, pour des raisons politiques, nous ne sommes pas intéressés pour inviter les partis islamistes dans cette coalition », martèle-t-il encore.

Le président Sissi doit nous dire si le militantisme politique est autorisé dans ce pays ou interdit », Hisham Qassem, intellectuel laïque et libéral

Trois des personnes arrêtées, dont les noms ont été dévoilés par le ministère de l’intérieur, étaient membres de cette coalition. Le premier, Ziyad El-Eleaimy, un ancien député, est une figure du Parti social démocratique égyptien. Le second, Hossam Mo’anes, est porte-parole du parti de gauche Hizb Al-Tahrir, et ancien chef de campagne de M. Sabbahi à la présidentielle de 2012.

Le troisième, dont le nom n’a pas été mentionné, est le chef de cabinet du député de la coalition parlementaire d’opposition « 25-30 », Ahmed Al-Tantaoui. « Nous ne nous attendions pas à ce que les autorités fassent une telle chose. Le président Sissi doit nous dire si le militantisme politique est autorisé dans ce pays ou interdit », interpelle Hisham Qassem.

« Prison à ciel ouvert »

Amnesty International a, de son côté, confirmé l’identité de quatre autres interpellés. Il s’agit de Hisham Fouad, un journaliste et militant des droits sociaux, Hassan Al-Barbari, un militant des droits du travail, Omar El-Shenety, un professeur d’économie à l’université et Ahmed El-Akabawy, un des fondateurs du parti d’opposition Istiqlal. Selon l’avocat égyptien Mohamed Eissa Al-Sarawe, toutes les personnes interpellées ont été inculpées pour « participation à une organisation terroriste » et « financement de l’étranger ».

« Cette dernière vague d’arrestations qui vise des voix critiques, des dirigeants de l’opposition, des militants et des activistes sous couvert de mesures antiterroristes entre dans le cadre de la persécution systématique et de la répression brutale des autorités égyptiennes contre toute personne qui ose critiquer », a déploré Magdalena Mughrabi, directrice de recherche Afrique du Nord pour Amnesty, qui appelle à leur libération immédiate.

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Parlant de l’Egypte comme d’une « prison à ciel ouvert », Amnesty International alerte depuis mai contre une nouvelle vague d’arrestations qui cible des avocats et militants des droits humains et sociaux.

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