Dans quelles régions françaises l’emploi est-il menacé par la robotique industrielle ?
Quel effet aura la robotisation sur l'industrie ? Le cabinet Oxford Economics a identifié les régions françaises où l'emploi sera le plus vulnérable et le plus résistant. Selon les économistes, 20 millions de postes seront balayés dans le monde d'ici 2030 par l'essor de la robotique.
Simon Chodorge
\ 11h00
Simon Chodorge
Pour chaque robot industriel quelque part dans le monde, c’est 1,6 poste en moins dans l’industrie. Mercredi 26 juin, Oxford Economics a publié une étude sur les effets de l’automatisation sur l’emploi et la productivité. Le cabinet britannique a notamment identifié les secteurs et les régions du monde les plus vulnérables. À l’échelle de la France, les disparités aussi sont visibles.
Quelles sont les régions françaises les plus vulnérables ?
Pour chaque région française (découpage pré-loi NOTRe), Oxford Economics a établi un index de vulnérabilité à la robotisation. Celui-ci s’appuie sur trois indicateurs : la part de l’industrie (“manufacturing”) dans les emplois de la région, le niveau d’intégration des robots dans les usines locales et la productivité de la main-d’oeuvre industrielle locale mesurée par rapport à la moyenne nationale.
Selon les économistes britanniques, les régions françaises les plus vulnérables sont la Franche-Comté (index de 0,61), la Basse-Normandie (0,51), la Picardie (0,51), le Limousin (0,51) et l’Auvergne (0,49). “La région française la plus intensément industrielle est malgré tout relativement rurale et peu peuplée. Ses taux relativement bas de robotisation signifient qu’il pourrait y avoir de hauts niveaux d’automatisation par la suite”, commente Oxford Economics sur la Franche-Comté.
L’Île-de-France et les régions du Sud plus résistantes
Du côté des régions les moins vulnérables, on retrouve largement en tête l’Île-de-France (0,03) puis Provence-Alpes-Côte-d’Azur (0,26), le Languedoc-Roussillon (0,3), l’Aquitaine (0,35) et Midi-Pyrénées (0,36). “L’Île-de-France est moins dépendante des emplois industriels et l’activité industrielle dont elle dispose est (a) hautement productive et (b) est la plus intensément robotisée dans le pays, avec celle de Midi-Pyrénées. Cela signifie que la région a déjà passé des niveaux significatifs d’automatisation”, décrit Oxford Economics.
Également résistantes, les régions du Sud et la région Rhône-Alpes bénéficient quant à elles de l’implantation d’entreprises industrielles “high-tech” et d’une main-d’oeuvre hautement qualifiée, selon le cabinet britannique. Oxford Economics cite notamment Toulouse, fief d’Airbus, et Grenoble.
La robotisation arrive dans les services
Selon le cabinet, 1,7 million d’emplois industriels ont déjà été remplacés par des robots depuis 2000 à travers le monde, dont 400 000 en Europe, 260 000 aux États-Unis et 550 000 en Chine. Le phénomène devrait s’accélérer : l’essor de la robotique va balayer jusqu’à 20 millions de postes dans l’industrie d’ici 2030 selon l’étude. Cette donnée représente une réduction de 8,5% de la main-d’oeuvre industrielle mondiale.
L’industrie sera toujours concernée par ce phénomène mais aussi le secteur des services, notamment dans la distribution, l’hôtellerie, la logistique (gestion des bagages dans les aéroports, gestion des stocks dans les entrepôts), le transport, la santé et même dans l’agriculture et la construction pour les travaux de maçonnerie.
“L’utilisation des robots va s’accélérer dans les cinq prochaines années dans les services, nourrie par des innovations dans l’intelligence artificielle, le machine learning, l’ingénieur et la puissance de calcul”, indique les analystes. “Les robots de services vont prendre de plus en plus de postes dans des secteurs qui absorbent actuellement les déplacements de travailleurs industriels dûs à l’automatisation”, poursuit-il.
Les territoires pauvres du globe sont les plus fortement touchés. Un robot sur trois est installé aujourd’hui en Chine. Des tendances qui font redouter au cabinet l’aggravation des inégalités sociales et économiques dans ces pays. Une petite note d’espoir : à l’échelle mondiale, les gains de productivité représenteront 5000 milliards de dollars d’ici 2030 selon le cabinet britannique. Les destructions de postes liées à l’automatisation devraient ainsi être compensées par de nouvelles opportunités professionnelles.