Nicolás Maduro a-t-il échappé à une tentative d’assassinat et son pays à un nouveau coup d’État ? Jorge Rodríguez, le ministre de la Communication, l’a affirmé mercredi 26 juin lors d’une conférence de presse, accusant – sans preuves – la Colombie et le Chili d’avoir financé l’opération tout en mettant en cause des militaires et policiers vénézuéliens à la retraite, soutenus par les États-Unis. Au moins six personnes ont été arrêtées et 140 000 cartouches saisies.

L’attaque était prévue les 23 et 24 juin. Outre la prise du palais présidentiel de Miraflores et d’une base militaire à Caracas, elle devait permettre de libérer le général Raúl Baduel, prisonnier dans les locaux de la Sebin, l’agence de renseignements du pays. Les putschistes voulaient faire de l’ancien ministre de la Défense, emprisonné pour corruption, le nouveau président, a expliqué M. Rodríguez.

Iván Duque, le président colombien, serait, selon le ministre, “un promoteur de coups d’État militaires contre le Venezuela”. Il en parle comme d’un “financier”, dénonçant par ailleurs “l’ensemble de l’appareil politique de l’oligarchie de Bogota”, qui serait “au service d’actions agressives contre la démocratie et la Constitution au Venezuela”.

Si le coup d’État a été déjoué, peut-on lire sur le site Internet d’Últimas Noticias, souvent décrit comme pro-Maduro, c’est parce que les autorités enquêtaient sur la dite conspiration depuis quatorze mois. “Rodríguez a déclaré que les agences de renseignements vénézuéliennes avaient en leur possession plus de cinquante-six heures de vidéo de plans déstabilisateurs”, rapporte Últimas Noticias.

Plus tard dans la journée, Nicolás Maduro lui-même s’est exprimé depuis le palais de Miraflores dans un discours diffusé sur la chaîne d’État Venezolana de Televisión. “Il est évident qu’Iván Duque et le gouvernement colombien ont été complices de cette tentative fasciste de m’assassiner en perpétrant des attaques terroristes, d’assassiner des dirigeants du Venezuela”, a clamé le chef de l’État. “Le monde doit savoir que la Colombie tente de renverser l’ordre, la paix et l’union du Venezuela et nous ne le tolérerons pas.”

Révélations à attendre d’un ancien chef de la sécurité ?

Caracas et Bogota ont rompu toute relation diplomatique depuis le mois de février. En guise de réponse aux accusations, le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo, a assuré à l’occasion de l’assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) que “la Colombie agit face à la situation au Venezuela en accomplissant les devoirs légaux et politiques qui lui incombent en tant que membre actif de l’OEA”.

”Les révélations ont lieu quelques heures après l’arrivée aux États-Unis de l’ex-général Manuel Ricardo Cristopher Figuera”, remarque le quotidien espagnol El Periódico. Celui qui s’est joint au soulèvement militaire manqué de Juan Guaidó en avril détiendrait des “secrets importants” en tant qu’ancien chef de la sécurité d’Hugo Chávez.

Juan Guaidó, considéré comme le président légitime du pays par les États-Unis et une cinquantaine d’autres nations, a quant à lui parlé de “fiction” au moment d’évoquer ce que le site Alberto News qualifie de “prétendu réseau de conspiration”. Pour le président de l’Assemblée nationale, dans le régime de Maduro, “il n’y a pas de commandement, il n’y a que des gangs criminels”, rapporte El Universal, quotidien antichaviste. ”La violence et la persécution sont la seule réponse du régime”, poursuit M. Guaidó, dont les agents de sécurité auraient échappé à une tentative d’enlèvement le jour même d’après le média espagnol ABC.