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Carola Rackete, la capitaine du Sea-Watch qui défie Matteo Salvini

Arrêtée deux jours après l’accostage de force du Sea-Watch 3 à Lampedusa, Carola Rackete est devenue la bête noire du ministre italien de l’Intérieur, qui l’a qualifiée d’«emmerdeuse».

«Ce n’était pas un acte de violence, seulement de désobéissance. Mon objectif était seulement d’amener à terre des personnes épuisées et désespérées. Je ne voulais certainement pas toucher la vedette des douaniers, mon intention n’était pas de mettre quiconque en danger, je m’en suis déjà excusée et je renouvelle mes excuses». Malgré ses tentatives de justification et ses excuses, Carola Rackete, la capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3, a été arrêtée dans la nuit de vendredi 29 à samedi 30 juin, deux jours après son accostage de force à Lampedusa pour débarquer une quarantaine de migrants secourus deux semaines plus tôt.

Placée aux arrêts domiciliaires (un contrôle judiciaire sous forme d’assignation à résidence) chez une habitante de Lampedusa, la jeune femme devait être présentée à un juge d’Agrigente en début de semaine. Elle devra répondre de faits d’aide à l’immigration clandestine et de résistance à un navire de guerre. Parallèlement, un mouvement de soutien à travers l’Europe a déjà permis de récolter plus d’un million d’euros pour financer les frais de justice de la jeune femme et la poursuite des opérations de secours de l’ONG.

Une femme engagée

Depuis 2016, la commandante de 31 ans parcourt les mers avec l’ONG Sea Watch. À l’époque, ses différentes missions étaient appréciées par les navires militaires italiens et européens considérant le navire comme un soutien. Désormais, les politiques migratoires se sont durcies, notamment en Italie, où Matteo Salvini en a fait son premier argument de campagne.

La commandante n’a pourtant pas toujours été engagée dans des missions humanitaires. Née à Kiel, au bord de la Baltique dans le nord de l’Allemagne, celle dont les longues dreadlocks ne passent pas inaperçues a d’abord été largement engagée dans la cause environnementale.

Elle a principalement navigué pour la recherche polaire en Arctique et en Antarctique, après des études en sciences nautiques et en protection de l’environnement en Allemagne puis en Angleterre. «J’ai toujours vraiment aimé les zones polaires, parce qu’elles sont très belles et inspirantes. Mais travailler là est parfois triste parce qu’on y voit directement ce que les humains font à la planète», raconte-t-elle dans une vidéo tournée par l’ONG.

Possibles peines de prison

Son engagement humanitaire prend désormais une tournure politique qu’elle assume pleinement: «Nous les Européens avons permis à nos gouvernements de construire un mur en mer. Il y a une société civile qui se bat contre cela et j’en fais partie», affirme-t-elle.

Un combat qui pourrait lui coûter cher. Outre une amende de 50.000 euros et la saisie du bateau, c’est surtout de quelques années de prison qu’elle pourrait écoper si elle est reconnue coupable d’avoir favorisé l’immigration clandestine (passible de cinq à quinze ans de prison) et d’avoir résisté à un navire de guerre (dix années de prison). Des conséquences qui ne lui font pas peur: «Je suis prête à aller en prison pour cela et à me défendre devant les tribunaux s’il le faut parce que ce que nous faisons est juste».

Un point de vue évidemment pas partagé par Matteo Salvini qui s’est emporté sur les réseaux sociaux: «Ceux qui se foutent des règles doivent en répondre, je le dis aussi à cette emmerdeuse de capitaine du Sea-Watch qui fait de la politique sur la peau des immigrés, payée par on ne sait qui». En retour, de nombreux internautes saluent le courage de Carola Rackete et n’hésitent pas à l’appeler Ô capitaine, mon capitaine». Capitaine, le surnom d’un certain… Matteo Salvini.

(Avec AFP)

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567 commentaires
  • Coutrot Olivier

    le

    L'Empire Romain s'est écroulé en large partie à cause du flux continu et massif des immigrés germains qui ont dénaturé sa structure démographique, sociale, militaire et politique. L'Europe Occidentale recommence la même folie de se laisser de plus en plus envahir par des populations n'ayant pas la même civilisation, et pour une large partie, hostiles.

  • PATYZ

    le

    quelle belle générosité de permettre à de jeunes Africains de venir s'offrir l'eldorado alors qu'en réalité ils rejoindront leurs potes qui vivent d'aides multiples, de trafics en tous genres , la drogue , les armes , la prostitution ils s'incrustent partout dans les villes , soutenus par des bien pensants qui leur offrent leur soutien inconditionnel et surtout politique c'est ça qui en définitive fera exploser l'Europe , c'est inéluctable et déjà largement chiffré

  • HENRY POLITI

    le

    Le ministre italien de l’intérieur est généreux en appelant cette peste une ‘emmerdeuse’. J’aurais trouvé approprié des termes beaucoup plus forts.

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