France : au moins 25.000 ponts posent des problèmes de sécurité

France: 25.000 ponts posent des problèmes de sécurité

© RENE JEAN - AFP

Temps de lecture
Par A.T avec agences

Près d’un an après l’effondrement du viaduc Morandi à Gênes, qui avait fait 43 morts, et suite à sa récente destruction, la question de la sécurité des ponts et infrastructures s’invite également dans le débat en France.

Crédits: Guardia di Finanza - Genova (via APTN)

nouvelles images de l'effondrement du pont Morandi, à Gênes

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Selon un rapport publié jeudi par le Sénat, un "plan Marshall" est nécessaire pour rénover 25.000 ponts "en mauvais état structurel". Il faudrait ainsi 120 millions d’euros par an pour rénover les ponts qui appartiennent à l’Etat et 130 millions par an pour les ponts des collectivités.

Le nombre de ponts en France reste inconnu

Un autre problème soulevé par ce rapport concerne le nombre exact de ponts en France. Le rapport précise que ce chiffre total n’est pas connu, "en l’absence d’un recensement exhaustif des ponts gérés par les collectivités territoriales", et fustige les "lacunes de la politique de surveillance et d’entretien".

Les sénateurs donnent une fourchette de "200.000 à 250.000 ponts routiers" d’une valeur estimée à 200-250 milliards d'euros, dont 24.000 ouvrages seulement appartiennent à l’Etat. Ces derniers subiraient "une dégradation lente mais continue de leur état".

Les sommes nécessaires à l’entretien des ouvrages d’art de l’Etat devront être portées à 120 millions d’euros par an dès 2020, estime la mission d’information sur la sécurité des ponts présidée par le sénateur Hervé Maurey (Union centriste) dans son rapport intitulé "Sécurité des ponts : éviter un drame".

Quant aux ponts gérés par les communes et départements, les dix sénateurs de la mission considèrent qu’un fonds d’aide aux collectivités territoriales (départements, communes, intercommunalités) doté de 1,3 milliard d’euros, à savoir 130 millions d’euros par an pendant dix ans.

Le rapport cite comme "particulièrement à risque" les grands ouvrages en béton précontraint "car ils ont été construits pour de très grands franchissements et ont nécessité la mise au point de structures complexes".

"Structure altérée"

C’est notamment le cas du pont de l’île de Ré, deuxième pont le plus long de France avec ses six viaducs en béton précontraint qui courent sur 2927 mètres. Lors d’une inspection en septembre dernier sur ce pont ouvert à la circulation en 1988, les experts ont constaté la rupture pour corrosion de l’un des douze câbles de précontrainte en acier de l’un des viaducs. Des mesures de restriction de la circulation ont été prises par le département, qui gère l’ouvrage, le temps du remplacement du câble en février 2019.

En ce qui concerne les ponts des collectivités territoriales, ce sont surtout ceux des communes et des intercommunalités qui préoccupent la mission sénatoriale. Les dernières données consolidées à ce sujet datent de 2008, déplore la mission, mais "tout indique que la situation des ponts communaux s’est dégradée depuis 2008".

Selon certaines projections d’experts, 7% des ponts de l’État sont concernés, 8.5% de ceux des départements tandis que 18% à 20% des ponts des petites communes, soit plus de 16.000, auraient en 2019 "une structure altérée ou gravement altérée".

Les fermetures totales ou partielles d’ouvrages nécessitant réparation sont susceptibles de se prolonger quand les gestionnaires de voiries ne sont pas en mesure de financer les travaux, note le rapport du Sénat.

Le rapport du Sénat préconise enfin la mise en place d’un système d’information géographique (SIG) national afin de référencer tous les ouvrages d’art en France, de conserver les documents techniques qui les concernent et de permettre aux opérateurs GPS de "mieux orienter le trafic routier".

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous