POLITIQUE - “Nous n’avons pas le droit d’avoir un G20 inutile”. Depuis le Japon où il achève une visite protocolaire avant de rejoindre les autres dirigeants du G20 à Osaka, Emmanuel Macron assume ses ambitions pour cette réunion des pays les plus riches de la planète: obtenir des progrès significatifs sur les grands enjeux contemporains, en dépit des menaces que son homologue américain Donald Trump fait peser sur la stabilité du monde.
S’il se montre volontariste, le président français sait qu’il aura fort à faire face à cet allié imprévisible et dont les coups de semonce à l’adresse de la Chine, de l’Iran ou même de ses plus proches partenaires devraient continuer à monopoliser l’attention médiatique. Le milliardaire à la mèche folle est d’ores et déjà reparti en campagne pour briguer un second mandat présidentiel. Un contexte électoral qui ne devrait l’inciter ni à la modération ni au compromis.
Signe de l’ambiance qu’il entend imposer lors de ce G20, Donald Trump s’en est pris vertement au pays-hôte, le Japon, mais aussi à l’Allemagne, à l’Inde, et évidemment à la Chine... deux jours seulement avant de retrouver leurs dirigeants pour une série de tête à tête.
Le G20 miné par le duel Chine-USA
Gros sujet d’inquiétude, les tensions commerciales avec la Chine de Xi Jinping occuperont une grande partie de l’espace politique. Alors que Pékin et Washington bataillent désormais ouvertement pour la domination économique et technologique du monde, la rencontre bilatérale prévue samedi entre Donald Trump et Xi Jinping, déjà arrivé à Osaka, fait figure de sommet dans le sommet. Au risque de faire passer les autres enjeux du G20 au second plan.
“Les tensions que font peser sur le G20 les pressions américaines et chinoises sont très sérieuses. Il ne faut pas que le G20 devienne un club d’affrontement bilatéral entre les États-Unis et la Chine qui, d’une certaine façon, prendraient en otage un organe multilatéral”, redoute-t-on à l’Elysée.
Fervent partisan du multilatéralisme, Emmanuel Macron entend donc faire bloc avec ses alliés européens pour peser dans ce bras de fer qui, quoi qu’il arrive, menace de toucher toute la planète. ”Ça concerne tous les pays du G20, puisqu’on sait que les tensions commerciales ont des répercussions sur l’économie mondiale. Et ça concerne spécifiquement l’Europe, qui ne doit pas être la variable d’ajustement de cet accord”, prévient la présidence de la République.
Les Etats-Unis menacent en effet d’imposer des droits de douane punitifs sur toutes leurs importations de Chine. Donald Trump critique également régulièrement l’Union européenne. De quoi faire dérailler une croissance mondiale déjà ralentie, et affoler des marchés financiers déjà fébriles.
Eviter l’escalade militaire en Iran
Face à un Donald Trump avant tout soucieux de négocier en tête à tête, Emmanuel Macron veut au contraire maintenir autant que faire se peut le dialogue intergouvernemental et sauver les accords que tente de détricoter son encombrant homologue américain.
C’est son principal objectif s’agissant de l’accord sur le nucléaire iranien, dénoncé par Donald Trump et que Téhéran menace ne de plus appliquer. Tandis que les deux pays se menacent d’une offensive militaire, le président français promet de faire “le maximum” pour que “personne ne commette l’irréparable”. Il s’est entretenu avec le président iranien et rencontrera Donald Trump en tête à tête ce vendredi.
“Quand il y a un début de guerre, on sait quand elle commence on sait rarement quand ça finit”, a notamment prévenu le jeune chef d’Etat alors que Donald Trump a évoqué le scénario d’une guerre contre l’Iran “qui ne durerait pas très longtemps”. Emmanuel Macron a également mis en garde Téhéran contre “toute sortie de l’accord sur le nucléaire” qui “serait une erreur”.
Macron ne lâchera rien sur les accords de Paris
Entre ces deux dossiers qui nécessiteront doigté et diplomatie, le président de la République entend en revanche jouer la carte de la fermeté sur le climat. Tandis que l’élan de la COP21 s’émousse depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, Emmanuel Macron s’est dit résolu à ne rien céder sur “l’ambition climatique”.
“Si on ne parle pas de l’accord de Paris et si, pour se mettre d’accord dans une salle à 20, on n’est pas capable de défendre l’ambition climatique, ce sera sans la France. C’est simple!”, a-t-il prévenu devant la communauté française au début de sa visite au Japon.
La crainte des autorités françaises est que le G20 valide une version édulcorée des engagements climatiques pour arracher l’accord de Washington. “Si on sort avec un texte trop faible, on est otage de ceux qui sont timides ou qui croient dans l’isolationisme”, a plaidé Emmanuel Macron dans un entretien accordé à la chaîne japonaise publique NHK.
Ira-t-on vers un G20 sans accord final? Officiellement, personne ne privilégie ce scénario. Mais la menace est posée au plus niveau: “Si les uns ou les autres ne veulent pas signer, qu’ils se désignent eux-mêmes, mais nous ne devons pas collectivement perdre notre ambition.”
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