Sara et Yasmine : "Daech, c’est comme une mafia : vous entrez mais vous ne sortez pas" : épisode • 4/4 du podcast Ma fille sous influence [Saison 2] : de l'autre côté du miroir

Raqqa, mai 2019 ©AFP - Delil Souleiman
Raqqa, mai 2019 ©AFP - Delil Souleiman
Raqqa, mai 2019 ©AFP - Delil Souleiman
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Sara et Yasmine sont actuellement en Syrie : la première, libre, vit avec son mari et ses enfants dans une zone loin des combats djihadistes. La seconde est détenue dans un camp de déplacés au Kurdistan syrien. Elles racontent leur quotidien par message vocaux sur WhatsApp.

Cette émission n’est pas disponible à la réécoute. Une journaliste pigiste, sollicitée ponctuellement, qui y a contribué a été condamnée le 22 mars 2024 par le tribunal correctionnel de Paris à 12 mois de prison avec sursis et 10 000€ d’amende pour complicité de financement du terrorisme et complicité de corruption de fonctionnaire étranger, pour des faits qui ne sont pas en lien avec cette émission. La journaliste pigiste concernée a interjeté appel. Par souci de transparence, nous souhaitions en informer nos auditeurs.

Les vidéos de Daech étaient jolies, il y avait des parcs, ça donnait envie. J’ai eu envie d’aller voir, vérifier si c’était vrai. J’ai organisé le voyage toute seule. Sara

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Sara, dix-sept ans, part en Syrie rejoindre l’Etat islamique en 2014. Rapidement, elle trouve un mari avec qui elle s’installe et a un enfant. Elle raconte son quotidien au coeur de Daech.

Je restais beaucoup à la maison. Parfois on allait à Raqqa. Là, je sortais plus, on allait faire les fripes avec mes copines. On aimait bien aller acheter des milkshakes… Une vie normale, sauf quand ça bombardait. Sara

Face à la violence et aux bombardements, Sara et son mari songent à quitter l’Etat islamique.

On avait peur constamment, peur des bombardements, peur de mourir. Ma vie, c’était la peur et la paranoïa. Sara

Sara et sa famille réussissent à s’échapper de Raqqa et vivent désormais en Syrie, en zone libre, toujours dans l’illégalité.

En 2015, Yasmine part vivre à Raqqa, capitale de l’Etat islamique, où elle donne naissance à une petite fille. Deux années plus tard, elle tente de fuir mais est arrêtée avec sa fille par les forces arabo-kurdes. Elles sont transférées dans un camp au nord-est de la Syrie, où elles vivent depuis un an. Cachée sous sa tente, elle livre son témoignage par messages vocaux laissés sur WhatsApp.

Je me sentais dans une prison à ciel ouvert, on cherchait par tous les moyens à sortir, mais c'était un vraiment un sujet tabou (...). Mon mari était surveillé, il a été emprisonné. On a décidé de quitter Daech, parce que ce n'était pas islamique ce qui se passait là-bas. Yasmine

Raqqa, mai 2019
Raqqa, mai 2019
- Céline Martelet

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Une mère veut comprendre ce qu’est devenue sa fille, Emma, quinze ans, endoctrinée par les réseaux de l’Etat islamique. Une série documentaire en cinq épisodes qui montre une société démunie face à l’islamisme. Un podcast de Rémi Dybowski Douat et Laure Marchand pour "Les Pieds sur terre".

Repères

L’Etat islamique

En 2013, l’ "Etat islamique en Irak et au Levant" voit le jour dans une Syrie dévastée par la guerre civile depuis le 15 mars 2015.

Le 29 juin 2014, depuis Mossoul, l’Irakien Abu Bakr al Bagdadi proclame l’instauration d’un "Califat" sur les territoires qu’il contrôle à cheval entre l’Irak et la Syrie. La ville de Raqqa, en Syrie, devient la capitale de ce qui s’appelle désormais l’Etat islamique.

A son apogée, le groupe terroriste compte près de 40 000 membres d’origine étrangère, venus de plus de 40 pays du monde entier, de l’Asie aux Etats-Unis en passant par l’Europe.

En juillet 2017, suite à près d'un an d'offensive, l'armée irakienne, soutenue par la coalition internationale, reprend la ville de Mossoul à l'organisation terroriste. Le 17 octobre 2017, c’est au tour de Raqqa. Les derniers djihadistes étrangers et leurs familles fuient le long de l'Euphrate vers la frontière irakienne. Au fil des mois, le territoire de l’Etat islamique se résume à quelques kilomètres carré autour de Baghouz. Le 23 mars 2019, les forces arabo-kurdes, toujours soutenues par la coalition, annoncent leur victoire sur l'Etat islamique en Syrie.

Qui sont les Françaises du djihad ?

Sur 1700 Français qui ont rejoint la Syrie depuis 2014, 391 sont des femmes selon les derniers chiffres du Ministère de l’intérieur. La plus jeune a 14 ans, la plus âgée a une soixantaine d’années. Parties pour beaucoup avec leurs enfants, certaines ont donné naissance à des enfants sur place. On estime actuellement que 550 mineurs ont vécu, ou vivent encore, en Syrie ou en Irak. La majorité a moins de 5 ans.

Le 9 octobre 2018, selon les services de renseignement français, 261 individus majeurs sont rentrés sur le territoire national après avoir séjourné en zone irako-syrienne, dont 187 hommes et 74 femmes. Une quarantaine de ces françaises sont en attente de jugement ou ont été jugées, la plupart du temps devant un tribunal correctionnel. Pour le moment, la femme condamnée le plus lourdement est une mère de famille âgée d’une soixantaine d’année, qui a écopé de 10 ans de prison en 2017, dont deux tiers de sûreté, pour avoir fait plusieurs allers-retours en Syrie. Devant la cour d’assises spéciale, la première femme de retour de Syrie doit être jugé en novembre 2019. Elle risque jusqu’à trente ans de réclusion criminelle

Selon le ministère de la justice, 95 enfants ou adolescents ont également été ramenés par leurs parents en France après un séjour en Syrie ou en Irak. 88 ont fait l’objet d’une procédure d’assistance éducative.

Aujourd’hui, 90 femmes françaises, et avec elles 210 enfants, sont détenues par les kurdes au nord de la Syrie. D’autres sont encore libres autour d’Idlib à l’ouest de la Syrie, dans une zone sous contrôle de groupes de combattants divers. Elles y vivent avec leurs enfants français.

Les Belges du djihad

Au total, 450 Belges ont rallié un groupe terroriste en zone irako-syrienne ou ont tenté de le faire. Parmi eux, 86 femmes. Au 1er mars 2019, selon les autorités belges, 130 personnes sont rentrées en Belgique.

Parmi les Belges liés à l’EI encore sur place, 55 sont détenus en prison ou retenus dans les camps sous contrôle arabo-kurde, dont 17 femmes et 28 enfants.

  • Reportage : Edith Bouvier et Céline Martelet
  • Réalisation : Clémence Gross
  • Mixage :  Mathieu Touren

D’après une idée originale de Rémi Dybowski Douat et Laure Marchand

Merci à Sacha Belissa, Julie, Jean Charles Brisard, Zoé Mary-Roulier, Clemy, Joseph, Anne-Laure Chanel et Jacques Laruelle.

Bibliographie :

Chanson de fin : "Wolf Pack" par Bachar Mar-Khalifé - Album : Ya Balad (2015) - Label : Bad Vibes Forever, LLC (2018)

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