Le cabinet d’avocats pénalistes Ruben & Associés raconte, dans un fil Twitter publié le 26 juin, comment la soirée d'une femme a viré au cauchemar. Dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 juin, leur cliente a vécu l’enfer. C'est depuis la salle d’attente d’un commissariat de Montrouge qu'elle a appelé le cabinet. Un lieu où elle n'aurait pas dû se trouver. Plus tôt dans la soirée, après avoir essuyé la violence d’un date Tinder, la jeune femme décide de porter plainte. Là, elle se heurte aux réticences et aux violences des forces de l'ordre. 

Elle finira par passer plus de 8 heures en garde à vue, les vêtements déchirés, l’épaule déboîtée… Humiliée. 

Molestée

Contactée par StreetpressEmilie (dont le nom a été changé pour préserver son anonymat) raconte le déroulé de sa soirée. Après avoir bu quelques verres avec son rendez-vous Tinder, ils décident de se rendre chez lui, "On était d’accord tous les deux : ça n’impliquait aucune obligation." 

Pourtant, face au rejet de la jeune femme, l'homme devient violent et la pousse hors de l’appartement. Tentant de récupérer ses affaires restées à l'intérieur, elle s’interpose dans l’entrebâillement de la porte. Il lui claque plusieurs fois la porte sur le corps, l’attrape à la gorge puis la jette sur le palier. En état de choc, elle sort de l’immeuble et appelle la police. 

Traitée avec défiance

Une fois sur place, la police écoute son histoire, relève l'identité de l'homme et accompagne Emilie au commissariat. Là-bas, c'est la déconvenue, les policiers ne sont visiblement pas enclins à recevoir sa plainte, "Vous êtes sûre que vous voulez porter plainte ? Il va prendre 15 ans, ça va ruiner sa vie", lui aurait demandé l'agent chargé de l’accueillir. Les policiers la font patienter, mais après plusieurs heures sans nouvelle, elle décide de contacter son avocat, Me Honegger.

On m’arrache mon téléphone des mains !

Vidéo du jour

Devant la mauvaise volonté des forces de l'ordre, celui-ci lui conseille de revenir le lendemain déposer sa plainte. Les policiers lui avaient eux-mêmes conseillé de rentrer chez elle. Mais quand elle tente de partir : « Un flic m’attrape par le bras. Une autre policière me prend par derrière et me pousse. Et un troisième me tire sur le côté. Toujours sans m’expliquer ce qu’il se passe. J’essaie de rappeler mon avocat, on m’arrache mon téléphone des mains ! » explique t-elle à Streetpress.  

Une policière l'aurait même menacée de lui faire une palpation. Elle finit en garde à vue pour « outrages et violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique », comme elle l'apprendra plus tard. Elle passe la nuit en cellule, sans avoir vu d'Unités Médico-Judiciaires à la suite de son agression. Son avocat l'a fait sortir le lendemain. 

Menacée et humiliée

Émilie raconte à Streetpress les humiliations et maltraitances subies au commissariat, comme le fait d'être obligée d'uriner dans sa cellule, faute de réponse à ses demandes, "J’ai passé je ne sais pas combien d’heures à dormir à un mètre d’une flaque de ma propre pisse". Ou encore la privation d'eau jusqu'au lendemain. 

Le sujet de son taux d'alcoolémie lui a également été maintes fois rappelé, figurant même sur sa plainte, sans qu'il soit jamais fait mention de celui de son agresseur. Lorsque les infirmiers de l'UMJ de Garches finissent par l'examiner, les blessures de sa première agression se mélangent à la seconde, selon son avocat. Elle avait des traces de lacérations et l’épaule luxée.

En 2020, la jeune femme est attendue à comparaître pour outrage et rébellion. Avec l'aide de son avocat, elle a porté plainte contre l'homme l'ayant agressée et a saisi l'Inspection Générale de la Police Nationale pour les mauvais traitements infligés au commissariat. Pour l'heure, les responsables du commissariat de Montrouge n'ont pas réagit à cette affaire.