Wolinski : le bonheur était son métier

Wolinski : le bonheur était son métier
Même quand il utilise la couleur. (©GLÉNAT)

Un beau livre, réalisé par la dernière complice de Cavanna, rassemble des dessins et des textes du moraliste qui aimait tant dessiner les femmes.

Par Arnaud Gonzague
· Publié le · Mis à jour le
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Quand il est tombé sous les balles des frères Kouachi, le 7 janvier 2015, Wolinski était regardé comme un dessinateur un peu ringard, auteur de crobards politiques poussifs dans «Match» et «le Journal du Dimanche», et dont le goût pour les petites femmes à poil et les gros cigares semblait dépassé.

Le grand mérite de ce beau livre composé de dessins, de textes et d'extraits de journal intime, rassemblés par Virginie Vernay, la dernière complice de Cavanna, est de nous donner à voir un Wolinski tendre, profond et même mélancolique.

Enfant d'un entrepreneur de Tunis assassiné par l'un de ses employés, veuf d'une femme morte très jeune dans un accident de voiture, dessinateur complexé, citoyen à l'engagement politique confus, le pilier d'«Hara-Kiri» et de «Charlie Hebdo» n'a pas eu une vie très rose.

Par orgueil, par pudeur, il affichait cette fausse désinvolture salace, cet opportunisme rigolard qui le faisait adorer ou détester du public de son temps. Gageons que la postérité retiendra surtout le moraliste, forgeur de beaux aphorismes. L'un lui allait comme un gant: «Sans la peur, il n'y aurait pas d'humour.»

 Arnaud Gonzague

Le Bonheur est un métier, par Wolinski,
Glénat, 320 p. , 29,50 euros.

A noter : A l'occasion de la sortie de cette sorte d'autobiographie posthume, Arte.tv a consacré cinq petits films à Wolinski: ils sont là.

Paru dans "L'OBS" du 3 novembre 2016. 

Arnaud Gonzague
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