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Les années tachkentoises, un pan de vie ignoré dans l’œuvre d’Anna Akhmatova

Boris Golender, historien et journaliste ouzbek, retrace les années tachkentoises de la fameuse poétesse russe du XXème siècle Anna Akhmatova et commente leur influence sur son œuvre.

Anna Akhmetova théâtre Route de Kitej Anna Naumova scène
Photographie d'une pièce de théâtre consacrée à Anna Akhmatova : "La Route de Kitej", mise en scène par Anna Naumova

Boris Golender, historien et journaliste ouzbek, retrace les années tachkentoises de la fameuse poétesse russe du XXème siècle Anna Akhmatova et commente leur influence sur son œuvre.

Novastan reprend et traduit ici un article publié initialement par le média indépendant basé en Russie, Fergananews.

Boris Anatolievitch Golender est un journaliste, historien et spécialiste de l’histoire locale à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan. En juin 2018, il a consacré l’une de ses conférences aux années pendant lesquelles Anna Akhmatova a vécu à Tachkent après avoir été évacuée au cours de la Seconde Guerre mondiale, ou « Grande guerre patriotique ».

Anna Andreïevna Akhmatova (1889-1966) est l'une des meneuses du mouvement acméiste, caractéristique de l' « Âge d'argent » (ou « Siècle d'argent ») du début du XXème siècle dans la Russie soviétique. Tout au long de sa conférence, Boris Golender la désigne par son prénom et son patronyme (Anna Andreïevna), conformément à l'usage russe. Dans un article publié par Fergananews le 8 mars dernier, cette conférence a été transcrite. La voici.

La poétesse et la ville

La créativité d’un poète réside dans les spécificités de son écriture, qui se confondent presque avec sa vie. Les éléments biographiques des grands poètes contribuent à l’originalité de leurs œuvres. Or, toute une partie de la vie de la fameuse poétesse russe du XXème siècle, Anna Akhmatova, est liée à Tachkent.

Du 8 novembre 1941 jusqu’en mai 1944, Anna Andreïevna a vécu dans la capitale ouzbèke. Et, il y a 18 ans, grâce à un accord avec le gouvernement de la Fédération de Russie et le musée de Saint-Pétersbourg situé dans la « Maison fontaine » (surnom de l’ancien palais des comtes Cheremetiev), nous avons organisé une exposition dans le musée Sergueï Essénine à propos de la vie d’Anna Akhmatova à Tachkent, intitulée « Mon ombre est sur tes murs ». Ce sont ces mots, en effet, qu’Anna Andreïevna avait choisis pour exprimer son amour de notre ville, de Tachkent, qui a occupé dans sa vie une place si importante.

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Nous voulions comprendre pourquoi il en était ainsi. C’est à ce moment là que les habitants de Tachkent ont pu le découvrir, grâce à des pièces originales, des objets, des documents, des photographies, prêtés pour l’exposition par le musée de la « Maison fontaine ». Ils ont découvert l’importance de la contribution que l’« âme de Tachkent » avait apportée à l’œuvre d’Anna Akhmatova. Celle-ci a écrit : « Je n’ai pas été ici pendant près de 700 ans, mais rien n’a changé. La grâce divine se répand depuis les cieux ».

Une effervescence créative

C’était il y a 18 ans (en 2000, ndlr), au début du XXIème siècle. Dans un laps de temps très court, l’exposition a compté 5 000 visiteurs. Nous nous sommes alors intéressés encore davantage aux conditions de vie pendant l’évacuation, découvrant ainsi de nombreuses énigmes, de nombreux points obscurs. Anna Andreïevna avait l’intention d’écrire un livre, Le Cahier de Tachkent, mais ce projet n’a pas abouti et seul un cycle incomplet a été publié, sous le titre La Lune au zénith. Les temps étaient difficiles, c’était la période d’après-guerre quand le livre a été publié. Et on y trouvait peu de poèmes. C‘est seulement maintenant, dans des recueils plus complets, que nous pouvons découvrir de nombreux poèmes composés alors à Tachkent.

On peut dire que pendant ces quelques . . .

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