Les Gilets jaunes ont freiné la croissance du marché des spiritueux en 2018
En 2018, la croissance du marché national des spiritueux a été freinée par le mouvement des Gilets jaunes selon la Fédération Française des Spiritueux. D'où un recul en volume et en valeur par rapport à 2017.
En fin d'année dernière, Richard Girardot, président de l'Association Nationale des Industriels de l'Agroalimentaire tirait la sonnette d'alarme: le mouvement des Gilets jaunes avait fait perdre 13 milliards d'euros à la première industrie de France.
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Plus de six mois plus tard, la Fédération française des spiritueux (FFS), qui réunit 210 entreprises parmi lesquelles Pernod Ricard, la
Martiniquaise ou Rémy Cointreau confirme l'impact de ce mouvement social sur les ventes de boissons alcoolisées en 2018.
Seuls le rhum et les boissons amères sortent la tête de l'eau
Selon la FFS, en 2018, les ventes en grande distribution sont en recul à la fois en volume et en valeur. En 2018, il s'est vendu 275 millions de litres d'alcool fort, soit une baisse de 2,1% par rapport à 2017. En termes de valeur, ce repli se traduit par un cumul des ventes à 4,72 milliards d’euros soit -1,34% par rapport à l'année précédente.
Toutes les familles de spiritueux sont concernées par ce repli. Même le whisky, produit préféré des Français, voit ses ventes diminuer de 2,28%. Il continue toutefois de représenter plus de 46 % du secteur.
Seuls le rhum et les boissons amères affichent un résultat positif avec des ventes en hausse respectivement de 5,74 et 1,36%.
En 2017, le marché national avait bénéficié du boom de la mixologie et affichait un chiffre d'affaire stable à 4,76 milliards d'euros.
Conséquences du mouvement des gilets jaunes
Bien que la mode des cocktails soit toujours d'actualité, cette dernière n'a pas permis au secteur de résister aux conséquences du mouvement des Gilets jaunes.
Alors que plus de 90% des ventes d'alcools forts sont réalisées en grande distribution, les manifestations, notamment aux alentours des super et hypermarchés ont freiné les ventes de spiritueux en fin d'année 2018. La Fédération rappelle que plus de 35% des ventes du secteur se font entre octobre et décembre chaque année. "Notre filière a été perturbée par l’environnement social et économique : les mouvements sociaux de fin d’année 2018 et la loi Egalim ont fortement impacté le marché des spiritueux", précise Michel Gayraud, président de la Fédération française des spiritueux.
Contrairement à d'autres boissons, comme le vin, où la baisse des volumes a été compensée par une hausse des prix, les spiritueux n'ont pas bénéficié d'effet de compensations. "Les conditions climatiques n’ont pas dynamisé le secteur des spiritueux", déplore la FFS.
Hausse de 5 à 8% des prix
Pour 2019, la FFS fait d'ores et déjà part de ses craintes de voir la Loi alimentation, et notamment les mesures de fin des promotions et de relèvement du seuil de revente à perte, influer sur les ventes du secteur. "En 2019, l’application de la loi Egalim au 1er février a eu pour conséquence une hausse des prix de 5% à 8% selon les produits", précise la Fédération.
Au delà de cette hausse, les producteurs de spiritueux pointent du doigt une fiscalité "écrasante" qui les pénaliserait: "Avec 72% des recettes fiscales pour seulement 22% des volumes d’alcool pur mis à la consommation en France, la filière des spiritueux subit une fiscalité écrasante qui nuit à la compétitivité des entreprises du secteur dans un contexte de guerre des prix entre enseignes de la grande distribution", précise la fédération.
Une revendication étonnante pour un secteur qui cherche désespérément à se bâtir une crédibilité sur le front de la prévention et de la modération. En 2016, la Cour des comptes estimait que "l'action par les prix et la fiscalité apparaît dans toutes les études récentes comme l'une des mesures les plus efficaces pour l'alcoolisme".