Coupe du monde féminine : l’engouement ne va pas s’arrêter là

L’élimination de l’équipe de France en quart de finale ce vendredi soir gâche un peu la fête mais ne devrait pas stopper l’essor de la discipline dans l’hexagone.

 Clairefontaine, le 27 mai. L’enthousiasme qu’a suscité l’équipe de France féminine de football autorise la Fédération à rêver plus grand.
Clairefontaine, le 27 mai. L’enthousiasme qu’a suscité l’équipe de France féminine de football autorise la Fédération à rêver plus grand. LP/Arnaud Journois

    La fête s'est finie plus tôt que prévu. Malgré la déception légitime d'une nouvelle élimination en quart de finale d'une compétition internationale, les Bleues peuvent garder quelques raisons de sourire. Il y aura un avant et un après Mondial 2019, pour les joueuses elles-mêmes et leur discipline. « L'impact sera moindre qu'avec un titre mais le mouvement est enclenché quoiqu'il arrive », explique-t-on à la FFF.

    La fin prématurée de la belle histoire ne déclenchera pas de soulèvement populaire, mais les Bleues auront réussi à pénétrer dans les foyers français. Entre dix et douze millions de téléspectateurs - et sans doute beaucoup plus ce vendredi soir - se sont massés devant leur petit écran pour suivre les filles de Corinne Diacre. Un jackpot pour TF1, qui a largement rentabilisé les 10 millions déboursés pour les droits de l'épreuve. De quoi constituer une base de fidèles téléspectateurs qui pourront suivre les prochaines aventures des Tricolores vers l'Euro 2021 sur les antennes du groupe… M 6.

    Et donner quelques idées aux jeunes filles qui ont vu depuis leur canapé Amandine (Henry) jouer sans les garçons. L'objectif de la Fédération française, qui a mis en place un « Plan Héritage 2019 » avec une enveloppe de 15 millions d'euros, est d'atteindre 200 000 licenciées en 2020. En interne, certains rêvent même de 250 000 (comme l'Allemagne) à la rentrée… Elles n'étaient que 51 000 il y a huit ans, 185 000 aujourd'hui. Dans l'intervalle, le nombre de clubs ayant au moins une équipe féminine a doublé (3 000 à 6 000). La barre est fixée à 8 000.

    « Avant, 1 000 filles s'inscrivaient en moyenne par an, maintenant, c'est entre 10 000 et 15 000, nous expliquait Brigitte Henriques, vice-présidente de la FFF, avant la compétition. Les barrières culturelles sont tombées. On s'identifie aussi aux joueuses phares de l'équipe de France. » Le nombre de dirigeantes, éducatrices et arbitres est également en augmentation.

    Pendant le Mondial, l'élite s'est trouvé un sponsor

    Les noms de Henry, Le Sommer, Renard ou Diani ont aussi gagné un visage avec ce Mondial en France… Les dirigeants espèrent désormais un coup de fouet pour la D1, où presque toutes ces dames ou demoiselles évoluent. Sur 250 joueuses, seule une petite cinquantaine arrive à vivre du football, avec un salaire mensuel moyen de 2 500 €. L'OL et le PSG ne sont que les gros arbres cachant une forêt bien clairsemée.

    Canal +, qui a acquis les droits de retransmission jusqu'en 2023, propose depuis cette saison l'intégralité des 132 matchs de championnat sur ses antennes. Pendant la Coupe du monde, l'élite s'est trouvé un sponsor. Arkema, acteur mondial de la chimie, est le nouveau nom de baptême de la compétition, qui reprendra le 24 août prochain. Une première.

    « Cela s'inscrit dans la continuité du plan d'actions de la Fédération en faveur du football féminin, explique Noël Le Graët, président de la FFF. Depuis 2011, la FFF s'est engagée fortement dans la promotion et la structuration de la pratique féminine amateur, professionnel et sur le plan de la formation. »

    Certains, à l'image de Laurent Nicollin, président du club précurseur de Montpellier, craignent pourtant que l'avenir ne soit pas aussi rose. En tout cas, il ne faudra pas simplement se reposer sur ces frais lauriers…