Non, le smartphone ne fait pas pousser de "corne" osseuse sur le crâne. Voici pourquoi

Largement relayée par les médias, cette étude scientifique a fait le tour du web : elle affirmait qu'une "corne" osseuse poussait sur le crâne des personnes addicts au smartphone. Mais ce n'est en réalité pas tout à fait vrai... Voici pourquoi.

Non, le smartphone ne fait pas pousser de "corne" osseuse sur le crâne. Voici pourquoi
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Non, le smartphone ne fait pas pousser de "corne" osseuse sur le crâne. Voici pourquoi

"Des cornes poussent sur le crâne des jeunes, l'utilisation du smartphone est en cause" titrait récemment le Washington Post. Une image choc, qui a bien sûr fait le tour d'Internet... et qui est pourtant très inexacte.

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Tout est parti d'une étude scientifique, publiée en février 2018 dans la prestigieuse revue Scientific Reports. Celle-ci laissait entendre que des sortes de protubérances osseuses poussaient à l'arrière du crâne, en particulier chez les 18-30 ans. Pour l'expliquer, les chercheurs de l'Université de la Sunshine Coast avançaient cette hypothèse : ces protubérances seraient la conséquence d'une mauvaise posture, "associée à l'émergence de l'utilisation intensive des technologies contemporaines qui tiennent dans la main, telles que les smartphones et les tablettes".

"De nombreux défauts"

Ni une, ni deux, de nombreux médias et réseaux sociaux ont relayé l'affaire... avec, au passage, une transformation de la "protubérance osseuse", devenue "corne" chez les médias. Elle s'avère cependant inexacte : "Cette étude comporte de nombreux défauts", affirme l'anthropologue William Harcourt-Smith à Business Insider.

Déjà, il est important de préciser que ces protubérances sont bien réelles, mais sont connues depuis longtemps: elles sont bénignes, et sont assez fréquentes chez les personnes âgées. Mais lors de leur étude, les scientifiques se sont intéressés à un échantillon de personnes bien particulier : ils ont analysé les données de santé de 1.200 patients en chiropraxie. Autrement dit, une sélection non-aléatoire et donc non représentative de la population.

Ceci étant dit, l'hypothèse émise a été immédiatement nuancée par les chercheurs : "nous n'avons jamais établi de lien direct entre la présence de [ces protubérances, ndlr] et l'utilisation de technologie mobile", avertit son auteur principal David Shahar. "Nous avons suggéré que la cause pourrait être mécanique", et donc due à une mauvaise posture - la tête constamment penchée en avant. Une position "souvent associée à l'utilisation de technologies mobiles".

Des intérêts financiers ?

Mais au-delà d'une simple question linguistique, cette étude comporte également un "défaut" bien plus problématique : comme le révèle Business Insider, l'auteur principal de cette étude David Shahar serait également à la tête d'une entreprise qui commercialise des produits, notamment des oreillers, censés corriger la mauvaise posture... pour la modique somme de 195 dollars. Un détail que le chercheur a omis de préciser dans la close "intérêts concurrents" de son étude.

Dans le monde de la littérature scientifique, la revue Nature Research qui publie les Scientific Reports reste toutefois une référence. "Nous examinons les problèmes que peuvent poser cette publication et nous prendrons des mesures si elles s'avèrent nécessaires", a déclaré un porte-parole.

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