Deux militaires incarcérés après la mort d'un détenu

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VenezuelaDeux militaires incarcérés après la mort d'un détenu

Un soldat accusé d'être impliqué dans une tentative de coup d'Etat contre Maduro est mort en détention. Il aurait été torturé.

Le capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo aurait été torturé en détention. (Photo d'archives)

Le capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo aurait été torturé en détention. (Photo d'archives)

AFP

La justice vénézuélienne, accusée par l'opposition d'être aux ordres de Nicolas Maduro, a ordonné l'incarcération de deux militaires lundi pour leur «responsabilité présumée» dans la mort d'un militaire en détention, dont l'opposant Juan Guaido et les Etats-Unis affirment qu'il a été «torturé».

Bien qu'en fonction à la Direction générale du contre-espionnage militaire (DGCIM), les deux hommes de 22 et 23 ans ont été présentés à un tribunal civil de Caracas qui a ordonné leur incarcération, a indiqué sur Twitter le Procureur général Tarek William Saab, un proche de Nicolas Maduro.

Le lieutenant Ascanio Antonio Tarascio et le sergent Estiben Zarate, dont le corps d'origine est la Garde nationale bolivarienne, sont détenus au siège du contre-espionnage militaire, dans la capitale vénézuélienne. Ils sont soupçonnés d'être «responsables» de la mort samedi du capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo.

Le gouvernement chaviste accusait l'officier, avec 12 autres personnes, d'être impliqué dans une tentative de coup d'Etat contre Nicolas Maduro. Ce «putsch» aurait dû avoir lieu les 23 et 24 juin et prévoyait l'assassinat du président et de plusieurs hauts responsables, selon le gouvernement vénézuélien qui se réclame de l'héritage du défunt président Hugo Chavez (1999-2013).

Le Procureur général n'a pas évoqué les accusations de «torture» sur le capitaine Acosta pendant sa détention. Des accusations soulevées par le président par intérim autoproclamé Juan Guaido, mais aussi le département d'Etat américain pour qui cette mort résulte d'un «acte de barbarie de Maduro».

De «graves signes de torture»

«Surprenant. Le ministère public impute aux deux détenus le crime d'homicide volontaire (...) mais ignore les crimes figurant dans la loi contre la torture», a relevé sur Twitter Alonso Medina Roa, qui était l'avocat du militaire défunt.

Honnis de l'administration Trump, Nicolas Maduro, son fils et nombre de responsables vénézuéliens sont sous le coup de sanctions américaines destinées à mettre le chef de l'Etat sous pression et, in fine, le déloger du pouvoir.

Selon des défenseurs des droits humains, le capitaine Acosta a comparu vendredi devant la Justice en fauteuil roulant et il présentait de «graves signes de torture». Transféré à un hôpital militaire, il est mort samedi.

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet s'est dit «choquée». Elle a exhorté «les autorités à mener une enquête approfondie - y compris une autopsie conforme aux normes internationales - à la fois indépendante et transparente».

Mme Bachelet, ancienne présidente du Chili, qui a subi des tortures sous la dictature d'Augusto Pinochet, était en visite à Caracas le mois dernier. Elle y a appelé à la «libération» des opposants incarcérés qui sont environ 800, selon l'ONG vénézuélienne Foro Penal.

«Centre de torture»

Rebondissant lundi sur ses accusations, Juan Guaido a appelé les Vénézuéliens à manifester à l'occasion de la Fête nationale vendredi pour «exiger la fin des tortures et des assassinats», perpétrés selon lui par le gouvernement.

A Caracas, les manifestants sont appelés à rallier le siège du contre-espionnage militaire, «parce que, nom d'un chien, c'est le centre de torture par excellence en ce moment au Venezuela!», s'est exclamée la députée d'opposition Delsa Solorzano, lors d'une conférence de presse. Le camp présidentiel a, lui, prévu un défilé militaire présidé par Nicolas Maduro.

La mort du capitaine de corvette Acosta crispe encore un peu plus les tensions entre opposition et pouvoir, au moment où les pourparlers entre les deux parties auraient dû reprendre.

Après deux rounds infructueux en mai sous les auspices de la Norvège, Nicolas Maduro a en effet expliqué la semaine dernière que le dialogue allait «continuer», sans toutefois préciser de calendrier ou d'ordre du jour. Mais depuis l'annonce de la mort du militaire en détention, ni lui, ni Juan Guaido n'ont évoqué la reprise de ces pourparlers.

Le bras de fer entre Juan Guaido et Nicolas Maduro dure depuis un peu plus de cinq mois, depuis que l'opposant de centre droit s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier.

Il est reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, mais aussi l'Allemagne, dont l'ambassadeur avait été expulsé par le gouvernement Maduro en mars précisément pour son soutien à Juan Guaido. Lundi, Caracas a annoncé une «normalisation» des relations avec Berlin, après une réunion bilatérale, et le «retour» prochain du diplomate au Venezuela. (nxp/afp)

(NewsXpress)

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