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Ces mots français que nous ferions bien d’utiliser (à la place des anglicismes)

Everett/©Rue des Archives/BCA

«Emparadiser», «caméléopard», «tympaniser»... La langue française regorge de termes précieux, rares et littéraires ignorés par la plupart des locuteurs. Les connaissez-vous? Le Figaro vous propose, grâce au Dictionnaire des termes rares et littéraires (Chiiflet&Cie) de Jean-Christophe Tomasi, de le découvrir.

La langue française regorge de termes précieux, rares et littéraires ignorés par la plupart des locuteurs. «Emparadiser» signifie «faire entrer dans un lieu de délices, mettre dans un état de bonheur comparable à celui dans lequel on vit au paradis». Un «caméléopard» est l’ancêtre de la «girafe». Une «camarilla» désigne l’«entourage d’un souverain exerçant sur celui-ci une influence occulte et souvent néfaste». Connaissez-vous ces mots anciens? Le Figaro vous propose, grâce au Dictionnaire des termes rares et littéraires (Chiflet&Cie) de Jean-Christophe Tomasi, de le découvrir.

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Il n’y a pas que les anglicismes. Il y a un vocabulaire éphémère, des formulations jeunes, trop peut-être, pour demeurer. Évoquons ainsi l’expression: «Il a osé m’afficher devant tout le monde». Comprendre: «Il a osé m'exposer/ m’humilier/ devant tout le monde». Il existe un formidable verbe: «tympaniser». Comme le rappelle Le Trésor de la langue française, le terme vient du latin tympanizare, «jouer du tambour» lui-même issu du mot grec du même sens. Le mot apparaît dans le vocabulaire anglais to tympanize et est attesté en 1593 au sens d’«enfler» (au propre mais aussi au figuré). «Tympaniser», terme vieilli, signifie: «Critiquer, ridiculiser, décrier publiquement quelqu’un ou quelque chose».

L’on entend à tout bout de champ la phrase: «Mais rien à voir, tu dis n’importe quoi!» En langage «sms»: «rav». Là aussi, il existe un mot, avouons-le, bien plus élégant: «sproposito». Comme le note le Littré, ce terme italien signifie «chose dite hors de propos». À noter qu’au pluriel, on dit «spropositi». Ainsi que l’écrivait Saint-Simon: «Vendôme opina non seulement à ne se point retirer de nuit, mais à ne se point retirer du tout, avec ses spropositi ordinaires, à disputer qu’il n’y avait rien de perdu.»

«Avoir le blues» ou être atteint de «tristimanie»?

Il faut le reconnaître: partout, les anglicismes sont rois. Dans nos conversations quotidiennes, dans les campagnes publicitaires, dans les documents officiels... Ainsi, au bureau, en entreprise, on peut entendre un collègue se plaindre: «Je suis down aujourd’hui...» Traduction: «Je ne me sens pas très bien aujourd’hui...» Mais pourquoi ne pas oser lui dire: «Ah, tu es languide donc?» L’adjectif ne manquera pas de l’éveiller. Vous pourrez alors lui expliquer le sens de ce terme: «celui qui dépérit, qui se trouve dans un état de grande faiblesse physique et psychologique». De même, pour éviter la formule «J’ai un coup de blues», on peut tout aussi bien dire: «Je suis atteint de «tristimanie», une «monomanie accompagnée de tristesse».

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Rassurez-le tout de même: les vacances arrivent à grands pas. L’occasion de chiller comme l’on entend souvent. Le terme anglais signifie «se reposer, ne rien faire, se détendre». Pour éviter cet ignoble anglicisme, il n’est pas interdit d’avoir recours au verbe «acagnarder», «s’installer de façon à mener une vie paresseuse». Dérivé du mot cagne, «chienne», ce terme vient de l’anglais médiéval caynard, «homme paresseux, traînard». Pourquoi ce canidé? Parce qu’il est supposément paresseux.

Une «calinotade», ce «propos futile et naïf»

Si vous entendez quelqu’un vous lancer «Tu as du swag!», ne soyez pas outré par la sonorité bizarre de ce mot anglais. Il signifie: «Tu as la classe, tu es élégant». En revanche, vous serez peut-être étonné d’entendre: «Tu te démarques par ta calliépie». Et pourtant, quel mot fabuleux! Du grec kallos «beauté» et epos, «parole, style», il signifie «style élégant, classique». Le terme vient à l’origine de Calliope, la muse de la poésie épique et de l’éloquence.

Au Québec, ils «mémèrent»: ils «bavardent / font leurs pipelettes». Il n’est pas impossible d’entendre dans nos conversations de tous les jours «Ils sont en plein gossip». Comprendre: «Ils font les commères». L’exercice est rarement bienveillant. On critique la tenue de notre voisin, la personnalité de notre collègue. Bref, nous formulons des «becquerelles». Selon Le Trésor de la langue française, le mot vient de la Normandie et signifie à l’origine «méchante langue, femme criarde, querelleuse». Aujourd’hui, il garde le même sens de «caquetage, médisance». Et souvent, ce «gossip» est vain. Inutile. Bref, une «calinotade» c’est-à-dire un «propos futile et naïf».

Mais enfin, il ne faut pas comprendre «gossip» et «joke» («blagues», «plaisanteries»). Pour éviter l’anglais, adoptons le vieilli mais charmant «gaber»: «plaisanter, rire». Il faut dire que le mot a voyagé. Comme le raconte Le Trésor de la langue française, il vient néerlandais gabben, «railler» et est issu de l’ancien nordique gabba, «se moquer de». Le terme eut de nombreux dérivés en ancien français et ancien provençal avant de tomber en désuétude à la fin du Moyen Âge «avec la disparition de la chevalerie pour ne plus survivre que dans les dialectes». Il réapparaît au XIXe siècle.

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