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Le Japon reprend la chasse à la baleine par orgueil plus que par intérêt

S'il est critiqué par nombre d'activistes, qui dénoncent la reprise ce lundi des campagnes de pêche commerciale de plusieurs espèces de cétacés, le gouvernement japonais prépare, en douceur, la fin de cette industrie qui n'a plus de sens économique.

De petits bateaux baleiniers ont appareillé ce lundi, après des cérémonies officielles, de plusieurs ports du nord du pays pour aller tenter d'attraper différents types de cétacés dans les eaux de sa zone économique exclusive
De petits bateaux baleiniers ont appareillé ce lundi, après des cérémonies officielles, de plusieurs ports du nord du pays pour aller tenter d'attraper différents types de cétacés dans les eaux de sa zone économique exclusive (Kazuhiro Nogi/AFP)

Par Yann Rousseau

Publié le 1 juil. 2019 à 06:41Mis à jour le 1 juil. 2019 à 10:46

En dépit des communiqués scandalisés des ONG et la mobilisation de quelques artistes occidentaux, le Japon a officiellement repris ce lundi matin la pêche commerciale à la baleine après un moratoire de 31 ans. De petits bateaux baleiniers ont appareillé, après des cérémonies officielles, de plusieurs ports du nord du pays pour aller tenter d'attraper différents types de cétacés dans les eaux de sa zone économique exclusive (ZEE).

Cette reprise d'une pêche commerciale fait suite au retrait, en décembre dernier, du Japon de la Commission baleinière internationale (CBI) à laquelle il avait adhéré en 1951. Tokyo s'était agacé de voir l'institution créée pour protéger les cétacés lui refuser une énième fois la relance de la pêche des espèces dont les stocks se sont reconstitués et qui n'apparaissent plus en danger.

« Pêches scientifiques »

Le gouvernement conservateur de Shinzo Abe estimait qu'il était temps de revoir les règles de la CBI afin de relancer une activité traditionnelle ancestrale qu'il n'avait, en fait, jamais réellement stoppée. Si les pêcheurs de l'archipel avaient stoppé leurs activités à « but commercial » depuis plusieurs décennies, ils avaient profité d'une faille juridique dans un moratoire international pour poursuivre ce qu'ils présentaient comme des « pêches scientifiques » dans le Pacifique-Nord et l'Antarctique.

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Vidéo : Pourquoi les Japonais pêchent encore des baleines

Chaque année, de gros navires nippons partaient ainsi pour de longues expéditions et ramenaient quelques centaines de spécimens, dont la viande se retrouvait, au final, sur les marchés de certaines régions et au menu de quelques restaurants. Tokyo pouvait ainsi soutenir sa petite communauté de baleiniers, défendre sa fierté nationale sans trop braquer ses partenaires étrangers.

Moins de 5.000 tonnes vendues

Avant le départ des bateaux ce lundi, le gouvernement a dévoilé les quotas de pêche pour cette campagne qui s'achèvera en décembre prochain. Il ne prévoit ainsi qu'un maximum de 227 captures (rorquals de Bryde, baleines de Minke et des rorquals boréaux), soit un nombre inférieur à ce que ramenaient jusqu'ici les « pêches scientifiques ». Les experts doutent même de la capacité des pêcheurs à attraper autant d'animaux tout en conservant un semblant d'équilibre économique sur un marché national qui s'est totalement détourné de la viande de la baleine et qui ne survit que grâce aux subventions distribuées par Tokyo.

S'ils restent quelques restaurants offrant ce produit, notamment dans les ports du nord de l'archipel, l'appétit de la population nippone pour la baleine a quasiment disparu. Le pays consommait encore 200.000 tonnes de viande de baleine dans les années 60. L'an dernier, ces ventes sont tombées à moins de 5.000 tonnes, soit à peine 0,1 % de la consommation totale de viande et aucune grande chaîne de distribution ne prévoit de doper ses commandes.

« Début de la fin »

« Cette pêche sur ses côtes n'a pas de sens pour le Japon », résume Patrick Ramage, le directeur de l'International Fund for Animal Welfare, qui voit dans la manoeuvre un simple geste politique du Japon pour officiellement « sauver son honneur » avant de mettre fin doucement à cette industrie.

Du fait du caractère commercial de ces nouvelles pêches, les subventions publiques, qui alimentaient les campagnes « scientifiques » devraient ainsi se tarir au point d'étouffer les derniers acteurs de cette activité. « On assiste bien au Japon au début de la fin de cette pêche à la baleine », assure l'activiste.

Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)

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