Attentat de Nice : 60% des enfants victimes présentent encore des troubles psycho-traumatiques

© Radio France - Laurent Vareille

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Les premiers résultats d'une étude effectuée sur 208 enfants victimes de l'attentat de Nice ont été rendus public. Ils révèlent que 60% des enfants de moins de 12 ans présentent au moins un trouble post-traumatique.

L'étude conduite au sein du CE2P, le centre d'évaluation pédiatrique du psychotraumatisme, a été menée sur deux groupes d'âge : les moins de 7 ans et les 7-12 ans. Mais dans les deux cas, les résultats sont quasi similaires. Un quart a digéré l'attentat, ils sont dits résilients. Une moitié présente au moins un trouble. Enfin le dernier quart est composé d'enfants qui sont encore fortement touchés. "Cela signifie que plus de 60 % des enfants ont des troubles, explique Florence Askenazy, professeur, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent. C'est beaucoup plus que la moyenne normale qui se situe autour de 40%".  

Nécessité d'avoir 1.000 enfants à étudier

L'étude a débuté en 2017 et se poursuivra jusqu'à ce que les enfants aient 25 ans. Pour l'instant, elle n'a pas été dirigée vers les adolescents pour manque de moyens financiers. "Ce type d'étude est longue et coûteuse, poursuit Florence Askenazy. Elle demande beaucoup de moyens humains et financiers. Nous avons quelques subventions mais pas assez pour élargir les recherches à au moins 1.000 sujets. C'est le seuil pour que l'étude ait une vraie portée scientifique". 

Une étude tout de suite utilisable

L'étude qui n'est pas terminée est malgré tout déjà utile. C'est du reste son originalité, elle est menée quotidiennement avec des soignants qui peuvent également tout de suite utiliser les données. "Tous ces chiffres vont nous permettre de mieux orienter les enfants vers les bons soins, avoue Michèle Battista, pédo-psychiatre à Lenval. Elle travaille dans le CE2P qui héberge l'étude. On va pouvoir mieux cibler les problèmes et ainsi faire ressortir le positif de chaque enfant, car c'est sur ce dernier qu'il faut travailler pour obtenir la résilience synonyme de guérison."

Attention à ne pas être des "cobayes"

Les recherches sont financées en partie par des fonds publics provenant du Conseil Départemental mais aussi par l'association de victimes Promenade des Anges. Une association qui reste malgré tout critique vis à vis de cette étude expliquant que beaucoup de parents et d'enfants traumatisés par l'attentat du 14 juillet n'ont pas voulu participer estimant qu'il y avait un risque de devenir des "cobayes". Un terme assumé par l'un des coprésident , Franck Mismaque : "Il faut faire très attention que les enfants et les adolescents ne soient pas instrumentalisés. Leur bien-être est primordial." Une vision que partage les chercheurs qui répètent que rien n'est obligatoire et que les familles participent si elles en ressentent le besoin.