Au Royaume-Uni, les bords de route fleuris poussent comme des champignons. Jolies, poétiques, indispensables pour l’épanouissement d’une biodiversité riche, et économiques, voici comment ces prairies ont modifié paysages ruraux et urbains outre-Manche. Une révolution colorée qu’on espère bien voir débarquer chez nous !

Halte à la tonte
Depuis 2013, l’association Plantlife, qui milite pour la sauvegarde de la biodiversité, mène une campagne de longue haleine, encourageant les conseils municipaux britanniques à dire stop à la tonte systématique des pelouses, notamment en bord de route. Pour les convaincre, deux arguments-choc : laisser se développer ces mini-prairies de fleurs sauvages où la faune peut s’épanouir est une démarche écologique, et c’est aussi un très bon moyen d’économiser de l’argent.
Un message qui semble ne pas être tombé dans de sourdes oreilles puisqu’un certain nombre de villes a décidé de tenter l’expérience. C’est notamment le cas dans le nord du pays, dans la ville de Rotherham où « coule » depuis cinq ans une rivière de fleurs de 18 kilomètres, le long de la route principale. Selon le conseil municipal, la ville économiserait ainsi près de 25 000 euros tous les deux ans en frais de tonte. De plus, confie Sarah Allen, conseillère municipale :
« Semer tous les deux ans en début de saison et tondre une fois par an en fin de saison demande beaucoup moins de travail que l’approche traditionnelle consistant à tondre le gazon plusieurs fois au cours de l’année. »
Une démarche saluée sur les réseaux sociaux et qui a su séduire de nombreuses villes alentours comme Nottinghamshire, Derbyshire, Birmingham, Newcastle ou Sheffield.
Favoriser la biodiversité
Selon Plantlife, le Royaume-Uni a perdu 97% de ses prés de fleurs sauvages en moins d’un siècle – les abords de la route étant particulièrement touchés. Pour l’association, ce sont les considérations de sécurité et d’accès, ainsi que le souci de « propreté » qui ont poussé les autorités à adopter une approche trop zélée en matière de tonte. « Couper moins, couper plus tard » pourrait améliorer de manière significative la santé des campagnes du Royaume-Uni affirme l’association.
« Nous voulons que les fleurs puissent fleurir afin que les pollinisateurs puissent travailler leur magie, que les graines mûrissent et tombent au sol, ainsi, la parure florale deviendra de plus en plus belle d’année en année. »


Un coup de pouce pour les abeilles
Pam Hunter, responsable de la recherche à la British Beekeepers ‘Association, a également salué ce passage à une végétation plus diverse en bordure de route. Elle a déclaré à la BBC :
« La superficie couverte par les bords de route, les parcs et les jardins dont disposent les autorités locales est énorme, et il est vraiment dommage de les tondre constamment car ils pourraient fournir une quantité énorme de nourriture pour de si nombreux insectes pollinisateurs. »
Des fleurs contre le stress
Pour Franziska Schrodt, expert en écosystèmes à la Nottingham Trent University, il n’est pas surprenant que les prairies situées en bord des routes deviennent de plus en plus fréquentes.
« De plus en plus de personnes sont maintenant conscientes des problèmes environnementaux, notamment de la pollution et de la perte de biodiversité. En effet, alors que certains continuent de considérer les berges non tondues comme désordonnées, la majorité des conducteurs les trouvent visuellement agréables et il a été démontré que les prés en bordure de route réduisaient considérablement le stress des conducteurs. »

Plantlife espère qu’il ne s’agisse que d’un début : « Quelques réserves naturelles en bordure de route ne suffisent pas. Nous voulons transformer l’ensemble du réseau. Il y a près de 500 000 km de bordures de routes rurales au Royaume-Uni. Leur potentiel est énorme. »
Et si on en parlait à nos élus ? En attendant, vous pouvez aussi commencer à faire même dans votre jardin. Voici d’ailleurs un petit cadeau pour vous lancer.