Santé : en France, davantage de cancers mais moins de morts

Selon une étude publiée ce mardi, on dénombre dans l’Hexagone un peu moins de 400 000 cas de cancer par an. Malgré ce nombre important, le taux de mortalité est en baisse. Explications.

 En France, le nombre de décès liés aux cancers du sein, a diminué, en moyenne, de 1, 3 % par an. (Illustration)
En France, le nombre de décès liés aux cancers du sein, a diminué, en moyenne, de 1, 3 % par an. (Illustration) LP / Olivier Corsan

    Ce sont plus de 28 années de données médicales qui ont permis d'établir une photographie nationale du cancer en France. Un rapport de Santé Publique France et de l'Institut national du cancer (INCa), rendu public mardi, montre que l'incidence du nombre de cas a augmenté de 1990 à 2018. Mais la mortalité, elle, est en baisse. Tour d'horizon des tumeurs moins meurtrières qu'il y a trente ans.

    Pour le sein, les bienfaits du dépistage

    Avec plus de 58 400 nouveaux cas en 2018, ce cancer est, de loin, le plus fréquent chez la femme. Mais, bonne nouvelle, en trente ans, le nombre de décès liés à ces tumeurs, a diminué, en moyenne, de 1,3 % par an. « C'est un signal positif car il s'agit d'un véritable enjeu de santé », se réjouit Gautier Defossez, médecin épidémiologiste du réseau français des registres des cancers (Francim). Ces chiffres encourageants s'expliquent par la mise en place d'un dépistage en 2003. « 60 % des femmes de 50 à 74 ans suivent les recommandations et réalisent une mammographie tous les deux ans », poursuit-il. Conséquence, des formes localisées de cancer sont identifiées de façon précoce et traitées par de la chirurgie.

    Moins d'alcool et de tabac = moins de tumeurs ORL

    Depuis 1990, les cancers masculins de la lèvre-bouche-pharynx, du larynx, de l'œsophage et de l'estomac, ont reculé, chacun, d'en moyenne, 2,5 % par an, tout comme leur taux de mortalité. Concernant le larynx, il a même chuté, chaque année, de 6,3 %. Ces résultats s'expliquent par une diminution de la consommation d'alcool et de cigarettes. Mais, si le nombre de décès liés au cancer du poumon baisse également chez l'homme, il reste l'un des plus meurtriers et son évolution chez la femme inquiète particulièrement les médecins.

    L'imagerie au service de la thyroïde

    Son taux de mortalité, déjà très faible, continue de décroître depuis les années 90. Là, aussi, les diagnostics ont évolué et l'imagerie est bien plus précise. Les médecins savent donc repérer des « tumeurs d'à peine quelques millimètres qui seraient autrefois passées inaperçues », explique Gautier Defossez. La mortalité du cancer du testicule ne cesse également de chuter. « Très tôt, on a trouvé un traitement efficace et on parle facilement de guérison », poursuit le spécialiste. Mais le nombre de cas a, lui, augmenté depuis 1990. « La recherche doit s'intéresser aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens », préconise le médecin.

    Plus de fibres, moins de cancer du côlon

    Depuis 1990, sa mortalité régresse de 1,6 %, chaque année, chez l'homme et la femme. « On commence à voir les retombées des changements alimentaires, les gens mangent plus de fibres et moins de viande », analyse le professeur Norbert Ifrah, président de l'INCa. Si le dépistage n'est pas « très bien suivi », relève Wulfran Cacheux, oncologue digestif à l'hôpital privé-Pays de Savoie, à Annemasse (Haute-Savoie), il apporte quand même un bénéfice tels que des diagnostics plus précoces. On a aussi de meilleures stratégies médicamenteuses et les dossiers des patients sont également de plus en plus discutés lors de réunions pluridisciplinaires avec des experts ». Certes, la prise en charge a connu un « grand boom » entre 1995 et 2010 mais « il existe aujourd'hui, poursuit ce spécialiste, peu d'outils thérapeutiques ».

    Le col de l'utérus, une baisse en trompe-l'œil

    Si le dépistage par frottis a permis de diminuer le nombre de ces tumeurs ainsi que leur taux de mortalité dans les années 80-90, l'analyse par âge montre un ralentissement de cette baisse chez les 50-60 ans dans les années 2000. Et récemment, une légère hausse de l'incidence dans cette catégorie. En cause, la révolution sexuelle avec des partenaires plus fréquents. « Ces femmes nées après 1950 ont donc été plus à risque d'attraper l'infection du papillomavirus à l'origine de ce cancer, explique Gautier Defossez. Un suivi par frottis tous les deux ans est recommandé ».