Harcèlement scolaire : à Metz, deux collégiennes de 11 ans mises en examen

Une élève de 6e a été harcelée durant toute son année scolaire. Après une plainte des parents, deux de ses camarades sont mises en cause pour harcèlement moral.

 Après des mois de harcèlement, les parents de Lola ont dû se résoudre à porter plainte. (Illustration)
Après des mois de harcèlement, les parents de Lola ont dû se résoudre à porter plainte. (Illustration) LP/Aurélie Ladet

    Deux collégiennes de 11 ans ont été mises en examen la semaine dernière pour harcèlement moral, l'une des deux est aussi mise en cause pour violences aggravées. Les faits ont duré toute l'année scolaire, malgré plusieurs alertes.

    À 11 ans, Lola (le prénom a été changé) fait son entrée en sixième dans un collège près de Metz (Moselle). Alors qu'elle tente de s'intégrer et de se faire de nouveaux amis, deux camarades de son âge l'ont dans le collimateur. « Ça avait déjà commencé fin septembre, témoigne sa maman. On pensait simplement que c'était une histoire de copines, comme tout le monde peut en connaître au collège. » Mais la situation empire : insultes de plus en plus violentes, ragots, photos prises à son insu.

    Jusqu'au jour où la jeune fille reçoit des remarques à connotations sexuelles et se confie à son père en rentrant de l'école. Les parents alertent le collège qui assure en tenir compte et que l'affaire « va se tasser ». « Sauf que dans les jours qui ont suivi, cela s'est aggravé », souffle la mère.

    Lettre de menace de mort

    Un vendredi, alors que sa fille est en béquilles, l'une des deux « harceleuses » lui fait un croche-pied. L'après-midi, ses affaires sont volées. Le lundi, elle reçoit une lettre qui la menace de mort. « C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase, elle s'est effondrée. » La maman de Lola décide de déposer une main courante.

    Avant les vacances scolaires de Noël, les deux collégiennes sont exclues temporairement et passent en conseil de discipline en janvier. Lola est suivie par l'assistante sociale du collège, et l'établissement sépare les élèves.

    « Ça s'est calmé avant de reprendre de plus belle dès février, regrette sa mère. C'était surtout en sport, « les deux heures de cours qu'elle redoutait le plus », que les insultes étaient les plus insupportables. En dépit de l'interdiction d'être dans le même vestiaire, les deux amies reprenaient les intimidations dès que les professeurs avaient le dos tourné.

    Des solutions insuffisantes

    « On a beau parler de harcèlement scolaire, les solutions proposées étaient insuffisantes ». La mère déplore surtout le manque d'aide pour trouver un soutien et une prise en charge psychologique pour sa fille. Le rectorat précise que la victime a pu participer à un groupe d'échange pour « libérer sa parole et favoriser son bien-être dans l'établissement ».

    Ne voyant pas la situation évoluer, les parents de Lola portent plainte le 6 mars. Une confrontation est organisée et les deux élèves reconnaissent les faits. « Je ne voulais pas en arriver là, affirme la mère. Mais je ne pouvais plus laisser ma fille subir ça. »

    Malgré une année éprouvante, Lola passe en 5e en septembre. Ses parents ne veulent pas qu'elle se retrouve avec ses harceleuses, qui pourraient rester dans le même établissement, et songe à la changer de collège. Une option que leur fille vit « comme une punition ». Pour l'avocat de la famille, Me Mehdi Adjemi, cette possibilité est « dramatique » : « Elle a déjà vécu un calvaire, et ce serait encore elle qui devrait en pâtir ».