Coq Maurice: ces bruits du quotidien qui désormais dérangent
Coassement des grenouilles, chant des coqs et des cigales, cloches des vaches et des églises... Sonorités typiques pour certains, nuisances sonores pour d’autres, qui n’hésitent plus à saisir la justice pour obtenir le silence.
Passer la publicité Passer la publicité«Situé entre vignes et mer, il fait bon vivre au Beausset, au son des cigales!» Sur le site officiel du village provençal du Beausset (Var), l’attachement des locaux à ces insectes, véritables symboles du sud de la France, est fièrement affiché.
Alors quand, à l’été 2018, des vacanciers sont venus trouver le maire de la commune pour se plaindre du bruit incessant des cigales, Georges Ferrero n’en a pas cru ses oreilles. «J’ai été très choqué. Qu’est ce que ce sera la prochaine fois? Quand on vient dans le Midi, on sait qu’il y a des cigales! On est fiers de les avoir», déclarait-il en août 2018 à France Bleu.
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750 kilomètres plus loin, un autre maire, celui de Saint-Pierre d’Oléron (Charente-Maritime) est confronté à une situation similaire. Deux coqs, Coco et Maurice, ont été accusés par des voisins de chanter trop tôt, trop fort, trop souvent. «Ça m’a agacé», reconnaît Christophe Sueur, qui a pris en juillet 2018 un arrêté visant à «souligner le caractère rural de la commune». «C’est ce qui fait le charme de notre île!», insiste-t-il.
Si la situation s’est finalement réglée à l’amiable pour Coco, le conflit lié à Maurice a dégénéré au point de se retrouver devant le tribunal correctionnel de Rochefort (Charente-Maritime). «Il faut laisser les gens vivre!», réagit à cette nouvelle Christophe Sueur, «atterré». La décision du tribunal de Rochefort, annoncée ce 5 septembre, devrait réconforter le premier édile: le gallinacé le plus célèbre de son île pourra continuer de coqueliner.
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«Comme le sot découvre que les œufs ne se cueillent pas dans les arbres»
Les cigales du Beausset, les coqs d’Oléron mais aussi les grenouilles de Grignols, le séchoir d’un agriculteur d’Eole-en-Beauce, les cloches des vaches du Biot... Face aux plaintes qui se font de plus en plus fréquentes, le maire d’un petit village de Gironde, Bruno Dionis du Séjour, a décidé de réagir.
Dans le cadre du grand débat national, le premier édile de Gajac a publié une lettre ouverte remise aux parlementaires dans laquelle il réclame que «le chant du coq, l’aboiement familier du chien, la cloche de l’église, le meuglement des vaches, le braiment de l’âne et le pépiement des oiseaux soient proclamés patrimoine national. Et qu’aucun procès ne puisse leur être intenté!»
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Jugeant cette initiative «très intéressante», le député UDI et indépendants de Lozère, Pierre Morel-À-L’Huissier, travaille actuellement sur un projet de loi en ce sens. «Ces bruits de la campagne font partie intrinsèque de notre vie, de notre patrimoine! S’il n’y a pas d’intention manifeste de nuire, il ne devrait pas pouvoir y avoir de condamnation», insiste l’élu.
«La campagne est un tout, qu’il faut savoir accepter dans son ensemble. Il serait bon que le bon sens soit rappelé à chacun d’entre nous», souligne dans sa lettre Bruno Dionis du Séjour, qui dénonce «l’égocentrisme» de certains nouveaux arrivants, «d’origine urbaine la plupart du temps», qui «découvrent la campagne comme le sot découvre que les œufs ne se cueillent pas dans les arbres».
«Souhaiter que nos traditions disparaissent, c’est effacer l’histoire»
Si les maires de petites communes sont nombreux à pointer du doigt l’attitude de certains citadins prompts à qualifier de nuisances sonores les bruits caractéristiques de la ruralité, le même problème se pose parfois aussi en ville. Ainsi, à Colmar (Haut-Rhin), une quinzaine de riverains exaspérés d’être privés de grasse matinée le dimanche ont décidé en mars de s’attaquer à la sonnerie des neuf cloches de la collégiale Saint-Martin.
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La sonnerie qui annonce la messe de 10h30 est désormais passée de quinze à onze minutes, mais son intensité n’a pas faibli, selon leur avocat Me André Kornmann, qui assure que deux de ses clients ont donc décidé de porter plainte pour «tapage» et «mise en danger de la santé d’autrui». De son côté, le chancelier diocésain dénonce une affaire «montée en épingle»: «Malgré toutes nos recherches, nous n’avons identifié aucun riverain» opposé aux cloches, souligne Bernard Xibaut.
À ceux qui lui opposent l’importance des cloches dans la tradition cultuelle et culturelle de la ville, Me Kornmann répond: «Une tradition suppose une adhésion. Quand il n’y a plus assez d’adhésion, il est normal que la tradition disparaisse. Aujourd’hui, seules quelques dizaines de personnes vont à la collégiale le dimanche. L’immense majorité des autres ne sont pas concernés. Un peu de respect pour eux serait normal!»
Un point de vue qui provoque l’indignation de Christophe Sueur, le maire de Saint-Pierre d’Oléron. «Il s’agit plutôt d’une minorité de personnes qui râle très fort et impose son point de vue à la majorité silencieuse! Il faut défendre nos traditions françaises, elles sont notre fierté. Souhaiter qu’elles disparaissent, c’est nier ce qui s’est passé avant, c’est effacer l’histoire, c’est ne plus savoir ce que l’on est ni où on va».
3570561 (profil non modéré)
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Je vis à la campagne et je ne suis pas dérangée par ces bruits.
Je précise que ce qui fait que notre planète est vivante ce sont les chants d'oiseaux et la diversité de la vie présente sur note planète.
Je tiens à préciser que si on regarde les autres planètes du système solaire, elles sont silencieuses.
A méditer.