Leur société

Burkini à Grenoble : une opération des islamistes

Le 23 juin, un groupe d’une dizaine de femmes, soutenues par des militants d’Alliance citoyenne, une association locale, sont entrées dans une piscine municipale de Grenoble habillées en burkini, ce maillot de bain promu par les islamistes, qui couvre entièrement la tête et le corps.

Ces militantes du burkini ont donc enfreint le règlement intérieur imposant le port du maillot de bain ordinaire, règlement qu’elles dénoncent comme « injuste et discriminatoire ».

S’estimant « privées d’accès à un service public » du fait de « leurs convictions religieuses », elles ont engagé « une campagne de désobéissance pour les droits civiques des femmes musulmanes », prétendant s’inspirer de Rosa Parks et du combat des Noirs américains. Il faut du culot ou de la mauvaise foi pour faire un tel parallèle. D’abord, une majorité de femmes musulmanes vivant dans ce pays ne voient pas de contradiction entre leurs convictions religieuses et le port d’un maillot de bain accepté dans les piscines publiques, qu’elles fréquentent tout à fait librement. Les Noirs américains des années 1950-60, hommes et femmes, étaient exclus des piscines, des bus et de tous les lieux publics strictement réservés aux Blancs. C’était un racisme légal, systématique, violent et même mortel.

Bien sûr, le racisme s’exprime en France en 2019. Cette opération burkini dans les piscines grenobloises a d’ailleurs libéré un torrent de paroles racistes et xénophobes sur les réseaux sociaux. Les politiciens de droite et d’extrême droite, comme ceux du RN, qui ne trouvent jamais rien à redire au poids de l’Église catholique dans la société française, en ont profité pour s’insurger contre « les islamistes qui s’infiltrent dans toutes les sphères de la société, menacent nos libertés et sapent les fondements de notre démocratie ». Les mêmes ou leurs amis politiques avaient pris, à l’été 2016, des arrêtés anti-burkini sur certaines plages, déclenchant artificiellement des incidents et alimentant le racisme et le rejet des musulmans qui leur sert de fonds de commerce électoral.

Mais à Grenoble ce sont, à l’inverse, des militantes défendant une vision rigoriste de leur religion, des militantes communautaristes, qui ont lancé l’opération burkini. Que ces femmes s’habillent comme elles l’entendent est une chose. Mais le burkini, comme la burqa dont il est une déclinaison nautique, sert à effacer les femmes de l’espace public au nom d’une idéologie qui théorise leur infériorité par rapport aux hommes. Dans de nombreux pays, à commencer par l’Iran ou l’Arabie saoudite, des femmes paient de leur liberté, parfois de leur vie, leur refus de s’enfermer derrière un voile. En France, le burkini, après le voile à l’école, sert aujourd’hui d’étendard à des militants islamistes très actifs qui cherchent à imposer leur emprise sur toute une communauté, profitant du sentiment de relégation vécu dans les quartiers populaires. Notre solidarité va à celles qui résistent à ces pressions et qui s’appuient parfois sur les règlements intérieurs, à la piscine ou à l’école, pour refuser le voile.

C’est ce qui rend choquant le soutien apporté à cette opération par des organisations et des syndicats de gauche, comme l’Unef, l’UNL, les Jeunes communistes ou les Jeunes insoumis de l’Isère ou encore le NPA 38. Sous prétexte de lutter contre l’islamophobie, ces militants déroulent le tapis vert à l’extrême droite islamiste, au lieu de combattre son influence et la menace qu’elle représente pour les femmes, et plus largement pour l’ensemble des travailleurs.

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