Une peine revue à la baisse. Ce mercredi 3 juillet, Albert Cardou, un aide-soignant de 58 ans reconnu coupable de violences sur une femme de 98 ans dans l'Ehpad où il travaillait, a été condamné en appel à 3 ans de prison ferme et deux avec sursis. Il devra également effectuer une mise à l'épreuve et aura interdiction d'exercer le métier d'aide-soignant. La cour d'appel de Paris a notamment assorti les deux ans avec sursis d'une obligation de soins.

Les faits, qui se sont déroulés à Arceuil (Val-de-Marne) remontent à février dernier. L'aide-soignant avait été pris sur le fait par une caméra cachée, placée dans la chambre de la victime par la famille de cette dernière. Condamné le 22 mars pour "violences sur personne vulnérable ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours", l'homme avait écopé de 5 ans de prison ferme et 10.000 euros d'amende à verser à la victime, en première instance.

"Peu cher payé" selon sa famille 

La fille de la victime s'est désolée du jugement rendu en appel. "Ce n'est pas cher payé" estime t-elle, compte tenu des actes commis "avec une telle décontraction" et des images qui sont "d'une telle violence", d'après des propos recueillis par l'AFP. Désormais, sa mère, bientôt âgée de 99 ans, se retrouve alitée et souffre énormément, selon sa fille.

Pour Maître Anastasia Mandraveli, l'avocate d'Albert Cardou, "La cour a reconsidéré le jugement, qui était très excessif". Selon les juges, la peine avait été justifiée par la "gravité des faits" ainsi que "l’ampleur du préjudice de la victime". 

Vidéo du jour

Filmé en caméra cachée

Aide-soignant depuis trente ans, et employé de la maison de retraite du Grand Cèdre à Arcueil depuis neuf ans, où se sont déroulés les faits, Albert Cardou a été filmé à son insu par une caméra de surveillance installée en cachette par la famille de la victime, entre les 5 et 7 février 2019. Les proches de la pensionnaire s'étaient inquiétés des hématomes sur son corps, soupçonnant alors des maltraitances de la part du personnel de l'établissement. La dame âgée leur avait même affirmé être frappée par un homme. 

Tu me fais chier espèce de vieille salope

Dans une séquence qui n'a été diffusée qu'à huit-clos durant le procès, rapporte LCI, on voit la dame de 98 ans au sol, tombée en chutant du lit. Pendant une heure, elle réclame de l'aide. L'employé condamné arrive, la "tire violemment par les jambes pour la remettre dans son lit", avant de lui donner des "petits coups de pied", des gifles, et de la tirer par les cheveux. Il l'insulte également : "Tu me fais chier espèce de vieille salope", "Ferme ta gueule". "Pitié pour moi", le supplie la pensionnaire, en larmes. 

Souffrant d'une "fracture spontanée du fémur", elle se verra prescrire 90 jours d'incapacité totale de travail. 

Le surmenage en guise de défense

Ses collègues l'ont défendu comme étant "exemplaire". Devant les enquêteurs, l'aide-soignant avait d'abord nié les faits, avant que les vidéos filmée par la caméra de surveillance familiale ne lui soient montrées. Il avait alors assuré qu'il s'agissait de "cas isolés", qu'il avait "pété un plomb". Durant le procès, il a invoqué un surmenage, dû au fait qu'il cumule deux emplois : celui à l'Ehpad, de nuit, et un mi-temps de jour.

La partie civile avait pourtant fait le choix de plaider que ces sévisses étaient réguliers, et la procureure a ironisé sur la défense du prévenu. "Il s'est comporté de manière monstrueuse", avait-elle conclu, avant de réclamer quatre ans d'emprisonnement. 

Citée par LCI, l'avocate du condamné a estimé que son client ne peut pas être le seul condamné, dans une problématique plus large de maltraitance au sein des Ehpad, et de manque de moyens : "On ne peut pas condamner un seul homme pour les dysfonctionnements successifs dans cette chaîne de santé qui est dédiée aux soins des personnes âgées et vulnérables que nous serons tous un jour. Pour ma part, la peine prononcée ne remplit pas son rôle de prévention d'ordre public."