Accéder au contenu principal
France / Religion

Le prêtre à l'origine de l'affaire Barbarin défroqué par l'Église

Le père Preynat, à l'origine d'un scandale de pédophilie en France, « l'affaire Barbarin », a été condamné ce jeudi 4 juillet par un tribunal ecclésiastique à un « renvoi de l'état clérical ».

L'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon, où le père Preynat a officié de 1971 à 1991.
L'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon, où le père Preynat a officié de 1971 à 1991. JEFF PACHOUD / AFP
Publicité

C'est la plus lourde peine que peut prononcer la justice de l'Église catholique. Accusé de pédophilie, l'abbé Bernard Preynat a été défroqué par le tribunal ecclésiastique. Les agissements de ce prêtre de 74 ans, commis dans les années 1980-1990, ont rejailli sur le cardinal Philippe Barbarin, qui était à la tête de l'archevêché de Lyon et qui a été condamné en mars dernier à six mois de prison avec sursis pour ne pas l'avoir dénoncé à la justice.

À lire aussi : Avec le procès Barbarin, la hiérarchie de l’Église face à la justice

« Au regard des faits et de leur récurrence, du grand nombre de victimes, du fait que l'abbé Bernard Preynat a abusé de l'autorité que lui conférait sa position au sein du groupe scout (...), le tribunal a décidé de lui appliquer la peine maximale prévue par le droit de l'Église dans un tel cas, à savoir le renvoi de l'état clérical », détaille le tribunal ecclésiastique dans un communiqué relayé ce jeudi par la conférence des évêques de France.

Un mois pour faire appel

Tout a commencé fin 2015, avec des plaintes déposées par d'anciens scouts de la paroisse Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon contre leur aumônier, Bernard Preynat. Des victimes s'étaient rapidement regroupées dans une association, La Parole libérée, qui contribuera à « briser l'omerta » autour de ces agressions sexuelles.

Le père Preynat avait déjà été interdit en 2015 de tout ministère pastoral, puis, en 2018, de célébrer des messes en privé par l'archevêché de Lyon. Il dispose désormais d'un mois pour interjeter un appel qui suspendrait la condamnation. S'il ne fait pas appel, il ne pourra plus être appelé « père ». Et l'Église fera de telle sorte qu'il ne se retrouve pas « dans une situation d'indigence », a précisé le père Bruno Gonçalves, président du tribunal ecclésiastique, sur RCF, la radio chrétienne francophone.

Pour Pierre-Emmanuel Germain Thill, un des membres de La Parole libérée, c'est un réel soulagement. « Quand l'Église prend ce genre de sanction, la plus lourde pour un religieux, cela prouve qu'elle a acté la culpabilité de la personne et c'est déjà très fort », observe-t-il.

Des indemnisations désormais possibles

Maintenant que cette culpabilité est reconnue, la trentaine de victimes qui s'étaient déclarées auprès de l'institution vont pouvoir être indemnisées financièrement. « On a dû chiffrer les préjudices que cela a pu engendrer dans notre vie : des échecs scolaires, des problèmes dans notre développement personnel, sentimentaux, relationnels... », explique Pierre-Emmanuel Germain Thill. François Devaux, cofondateur de l'association La Parole libérée, estime que ces indemnisations pourraient s'élever à environ 20 000 euros par victime, en moyenne.

Cette réparation est d'autant plus importante que, pour plusieurs victimes, la condamnation du père Preynat par la justice ecclésiastique est la seule décision judiciaire à laquelle ils auront accès. « Il y a notamment ces victimes prescrites. Ce sont pour certaines d'entre elles des personnes qui ont été violées. Tous les cas de viols du père Preynat sont prescrits. Pour ces personnes-là, il est vraiment important qu'il y ait eu cette décision de justice et qu'il y ait par la suite ces indemnisations », poursuit Pierre-Emmanuel Germain Thill.

Inculpé par la justice en 2016, Bernard Preynat devrait être jugé dans les prochains mois par un tribunal correctionnel pour les faits non prescrits.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.