Ils sont entre huit et onze millions d'aidants en France, soutenant un proche âgé, handicapé ou malade. Entre quatre à cinq millions de ces aidants sont salariés, selon les chiffres avancés par le gouvernement, rappelle Le Monde. Cette année, le confinement mis en place à cause de la pandémie de Covid-19 a d'autant plus révélé leur solitude et difficultés au grand public.

Depuis ce mercredi 1er octobre, les aidants salariés du secteur privé ou public, indépendants ou inscrits au chômage, peuvent formuler une demande de congé de proche aidant rémunéré, aussi nommée Allocation journalière du proche aidant (AJPA). L'employeur ne pourra pas la refuser si l'aidant(e) y a droit, précise le site de la Caisse d'allocations familiales (CAF).

Cette mesure avait été validée par les parlementaires en octobre 2019, et a été inscrite au Journal officiel ce mercredi, indique Le Parisien. Elle était apparue dans le cadre d'une concertation sur le grand âge et le handicap, rappelle Handicap.fr.

40 euros net par jour, pendant 3 mois

À combien s'élève ce congé aidant ? Il sera rémunéré à hauteur de 43,83 euros par jour, pour une personne en couple, et à 52,08 euros pour un(e) aidant(e) seul(e).

Par ailleurs, ce congé pourra être réparti comme le souhaite l'aidant(e), avec une durée cumulable maximale de trois mois. Cette durée sera renouvelable, jusqu'à un an en tout, sur l'ensemble de la carrière. 

"Le nombre de renouvellements autorisés, les conditions et délais d'information sont déterminés par convention ou accord collectif d'entreprise (ou, sinon, par convention ou accord de branche), s'il existe", précise le site service-public.fr.

Un congé payé par la CAF

Ce congé aidant ne sera pas payé par l'employeur, mais par les Caisses d'allocation familiale, ou les caisses de la mutualité sociale agricole pour les agriculteurs, précise la CAF.

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Par ailleurs, ce congé indemnisé sera imposé et soumis à la Csg-Crds, car il "constitue un revenu de remplacement", explique la CAF.

Il ne sera pas cumulable avec une autre allocation.

Enfin, il sera comptabilisé dans le calcul de la retraite de ces aidants salariés.

Comment bénéficier du congé aidant ? 

Pour bénéficier du congé aidant, il faut respecter un préavis, en en formulant la demande auprès de votre employeur un mois avant la date de début de congé souhaité. 

Des exceptions à ce préavis sont prévues. Déjà, dans les cas où la personne aidée ou dépendante fait face à une dégradation subite de son état de santé. Mais un certificat médical devra être fourni à l'employeur de la personne aidante.

Deux autres exceptions à ce préavis sont possibles : si la personne aidée se retrouve dans une situation de crise, nécessitant une aide immédiate, ou si son séjour dans un établissement de soin prend subitement fin. Mais là aussi, il faudra une attestation du responsable de l'établissement. 

Préavis ou pas, il faut fournir plusieurs documents préalables pour bénéficier de ce congé aidant : une attestation sur l'honneur expliquant le lien familial ou étroit entre la personne aidée et son aidant(e), un document attestant du taux d'incapacité de la personne aidée. Par ailleurs, si l'aidant(e) a déjà bénéficié d'un congé aidant, il devra en préciser la durée lors d'une nouvelle demande. 

Un "répit" insuffisant

Jusqu'alors, les aidants avaient le droit de prendre un congé pendant trois mois maximum pour s'occuper de leur proche. Mais ce congé n'étant pas rémunéré, peu de personnes demandaient à en bénéficier.

Pour Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'Autonomie, ce congé aidant rémunéré permet de mettre en avant les "invisibles" : "Pour qu'ils n'aient plus à choisir entre leur santé et leur engagement, ce répit de plusieurs mois leur permettra de se consacrer à leur proche sans sacrifier leur vie professionnelle et sociale, a déclaré la ministre, citée par Handicap.fr. Toutefois, il n'est qu'un des moyens de soutenir ces aidants qui ont besoin aussi d'informations claires, d'accompagnement, de répit."

Ce congé aidant rémunéré est considéré comme une avancée, mais jugée insuffisante, par les associations d'aidants. L'Association française des aidants appelle à "la nécessité d’élargir davantage son champ d’application afin de répondre au mieux à la diversité des situations des aidants".

Elle critique notamment que pour en bénéficier, la personne aidée doit justifier d'un taux d'incapacité permanente d'au moins 80%, et/ou qu'elle bénéficie de l'allocation personnalisée d'autonomie : "Nombre de situations, relatives à des maladies chroniques par exemple, ne rentrent pas dans ces critères d’éligibilité", regrette l'association.

Souvent des aidantes 

Le 25 avril 2019, lors d'une conférence de presse, Emmanuel Macron soulignait la nécessité de mieux "reconnaître" le rôle des aidants familiaux. Cela passait, avait argué le chef de l'État, par "leur bâtir une place pendant la réforme des retraites et leur construire des droits." 

Le président rappelait une autre réalité : les aidants, "celles et ceux qui ont mis entre parenthèses ou sacrifié leur vie professionnelle pour s’occuper d’un enfant en situation de handicap, d’un proche, une personne de la famille devenue dépendante", sont souvent des aidantes. 58% des ces proches dévoués sont des femmes. Il s'agit donc, aussi, d'une question d'égalité femmes-hommes.