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Vous ne direz plus jamais ces expressions comme avant

«Ted» de Seth MacFarlane avec Mark Wahlberg, 2012. ©Rue des Archives/Everett

«Un ours mal léché», «faire long feu»... Nombreuses sont les formules que nous prononçons sans en saisir le sens exact ou originel. Florilège.

Nous pensons les connaître. Nous les prononçons sans sourciller, sans se douter une seule seconde que, peut-être, nous n’en connaissons pas vraiment la signification. Nombreuses sont les formules dont nous déformons le sens. Et, malgré nous, nous perpétuons l’erreur. Nous la transmettons. Jusqu’au jour où quelqu’un nous relève la faute. Étonnés, nous tiquons. «Tu veux dire que je fais l’erreur depuis toujours?» Eh oui... Ainsi, pour vous éviter tout malentendu, Le Figaro vous propose de redécouvrir cinq expressions grâce à son hors-série de l’été 100% Langue française (Figaro Littéraire).

» Connaissez-vous ces expressions d’hier?

«On nous rabat les oreilles sans cesse avec cette histoire!» peut-on entendre lors d’un débat télévisé ou dans les conversations de couloir. L’erreur est courante. En réalité, il faudrait s’écrier: «On nous rebat les oreilles sans cesse avec cette histoire!» En effet, le verbe «rebattre» signifie «battre de nouveau». On peut également l’employer dans la formulation «rebattre les cartes», c’est-à-dire «les mêler à nouveau». Au figuré, on l’aura compris, «rebattre les oreilles» signifie «lasser par des propos répétés». À l’origine, l’expression date du XVIe siècle et se note sous la forme «battre les oreilles de quelqu’un». Comprendre: «fatiguer, assourdir quelqu’un».

Prenons désormais la formule «Vous n’êtes pas sans ignorer la loi»: qu’entend-on par là? «Vous ignorez que la loi l’interdit» ou «vous savez que la loi l’interdit»? Nous avons tendance à choisir le second sens. À tort! Prenez garde à la double négation qui équivaut à une affirmation. «Vous n’êtes pas sans ignorer» signifie «vous ignorez». Si l’on avait voulu employer l’expression au sens de «vous savez», il aurait fallu écrire «vous n’êtes pas sans savoir que la loi l’interdit».

Un «ours mal léché»

«Faire long feu»: la plupart d’entre nous tombons dans le piège. «Ce projet a fait long feu»: nous comprenons souvent «ce projet n’a pas duré longtemps». En réalité, il faudrait entendre: «Ce projet n’a pas atteint son but». En effet, l’expression «se dit d’une cartouche dont l’amorce brûle trop lentement, de sorte que le coup ne part pas ou manque son but». Une fois la formule employée à la forme négative, elle a pris le sens de «ne pas durer longtemps». Exemple: «Son programme n’a pas fait long feu». Ainsi, cette dernière locution peut soit être considérée comme une dérive de l’originale «par confusion sur le sens de feu, la métaphore portant alors sur la brièveté de la flamme, soit comme issue d’une autre métaphore, portant sur un foyer allumé pour peu de temps».

La prochaine formule est, elle aussi, régulièrement malmenée. On a tendance à la considérer comme synonymique du «danger se trouve tout près d’ici». Il s’agit de l’expression «Il y a péril en la demeure». Ici, «demeure» prend le sens de «fait de tarder, demeurer» et non pas de «maison, logement». Il faut la comprendre en ce sens: «Il faut agir vite» et non pas «le danger se trouve à domicile». En effet, attendre trop longtemps peut être dangereux. Il faut donc agir, riposter, résister.

» LIRE AUSSI - Cinq expressions à ressusciter de toute urgence

Nous utilisons aujourd’hui la formulation «tirer les marrons du feu» au sens de «tirer profit d’une situation délicate» souvent pour soi-même. Comme le rappelle George Planelles dans son éclairant ouvrage Les 1001 expressions préférées des Français, elle apparaît en 1640 sous la forme «tirer les marrons du feu avec la patte du chat». C’est sous la plume de Jean de la Fontaine qu’elle fut popularisée, notamment dans sa fable «Le singe et le chat»: «On y voit le chat Raton retirer du feu au profit du singe Bertrand les marrons qui y grillent». Ainsi, à l’origine, l’expression signifie en réalité «se donner de la peine pour le seul profit d’autrui».

Sans doute sommes-nous peu à savoir qu’avant de vouloir dire «homme mal fait et grossier», la formule «un ours mal léché désignait un enfant mal formé? En effet, la tradition populaire du XVIIe siècle raconte que les «ourses façonnaient leurs petits qui naissaient informes en les léchant». Ainsi, on dit d’un enfant «mal fait» qu’il est comme un «ours mal léché».

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Vous ne direz plus jamais ces expressions comme avant

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21 commentaires
  • galite

    le

    L'art d'enfoncer les portes ouvertes ...

  • Michel REBS

    le

    la formule que je déteste est : au jour d'aujourd'hui

  • bruno vittipon

    le

    Ce que ces expressions voulaient dire a l'origine n'a aucune importance, c'est ce qu'elles veulent dire maintenant qui compte et un ours mal leche signifie un homme acariatre pas un enfant mal forme. Ne compliquez pas inutilement ce qui est simple, journalistes du Figaro.