Dans une étude publiée le 5 juin dernier, l’ONG Transport et Environnement a démontré que les ports européens étaient très touchés par la pollution engendrée par les navires de croisière. Effectivement, en 2017, les 200 navires de croisière recensés sur le littoral européen ont beaucoup plus pollué que les 260 millions de voitures en Europe.

Les ports européens particulièrement touchés par la pollution

Comment expliquer un tel écart entre voitures et navires ? Selon Charlotte Lepitre, coordinatrice du réseau Santé-Environnement de France nature environnement, et une des auteures de l’étude, c’est parce que « le carburant n’est pas le même que celui qu’on met dans les voitures.(…) Ce carburant (celui qu’on utilise pour les paquebots) est très soufré. Lorsque les navires, surtout de croisière, qui arrivent très près des centres-villes, arrivent ou partent, ça pollue énormément. C’est aussi le cas lorsqu’ils restent à quai, puisqu’ils ont besoin d’utiliser le carburant pour alimenter en électricité tout le navire de croisière. »

Dans le classement des cinquante ports les plus pollués d’Europe, nous trouvons notamment Marseille (8e) ; Le Havre (21e) et La Seyne-sur-Mer (49e). Les 57 navires de croisière ayant fait escale à Marseille en 2017 aurait apparemment émis plus d’oxyde d’azote que le quart des 340 000 voitures de tourisme de la ville. Les 203 navires de croisière passés le long des littoraux européens auraient à eux seuls émis plus que les 260 millions de véhicules de tourisme comptabilisés en Europe en 2017. Le littoral espagnol est le plus concerné par la pollution de l’air par les navires, avec des émissions étant jusqu’à parfois cinquante fois plus importantes que les 23 millions de véhicules de tourisme espagnols.

Nous avons pu remarquer quelque chose de très particulier au sein de ce classement : la côte méditerranéenne semble beaucoup plus touchée que les côtes de la Manche. Cela peut s’expliquer notamment par le fait que les ports de cette région sont situés dans une zone où la réglementation environnementale est plus stricte : la Manche et la mer du Nord sont classées en zones Seca (Sulphur émission control areas), et obligent tous les bateaux à consommer un carburant limité à 0,1 % de soufre contre 1,5 % en Méditerranée.

Lazyllama / Shutterstock.com

L’exemple de Venise

Ces chiffres ne nous surprennent guère, dans la mesure où lors des années précédentes, de nombreux reportages et enquêtes avaient déjà été réalisés concernant l’impact des bateaux de croisière sur l’environnement. Les Vénitiens, par exemple, souffrent depuis de nombreuses années de ce tourisme de masse qui ravage leur lagune et qui menace la ville.

En effet, les paquebots, les navires de croisière qui passent dans la lagune provoquent des remous incessants qui mettent en danger les structures de la ville, au point que l’UNESCO a menacé de classer la cité parmi les patrimoines en péril. Les paquebots de croisière consomment en effet une grande quantité de carburant et émettent beaucoup d’oxyde de soufre et d’azote, qui ont des effets désastreux sur l’environnement. Ainsi, dans des villes comme Venise, les navires de croisière émettent finalement plus d’oxyde d’azote que la totalité des émissions faites par les voitures des habitants.

De nouvelles alternatives, moins polluantes, sont désormais offertes à ces navires : des branchements électriques spécifiques pourraient être installés. Le seul problème est posé par les accords économiques, qui font malheureusement qu’il existe des taxes sur l’électricité mais pas sur le pétrole. 

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