Lorsqu’un moustique pique, sa trompe pénètre la peau à la recherche d’un vaisseau sanguin. « Lors de cette opération, de la salive contenant différentes substances est injectée, provoquant une anesthésie locale et empêchant le sang de coaguler dans la trompe. Ce sont les substances contenues dans cette salive injectée qui causent une irritation », explique l’Entente Interdépartementale de démoustication Rhône-Alpes (EID) (source 1). Ce sont nos gènes, l’odeur de notre peau et le dioxyde de carbone que nous libérons lorsque nous respirons qui vont influencer notre réaction aux piqûres.
Allergies aux piqûres de moustique : les enfants présentent un risque accru
Les éventuelles allergies concernent justement cette salive des moustiques injectée lors de la piqûre, qui contient des protéines et des allergènes à l’origine des démangeaisons. Les substances qu’elle contient provoquent une réaction de notre système immunitaire, qui se met à libérer de l’histamine, substance responsable de la réaction allergique.
Les nourrissons ainsi que les jeunes enfants n’ayant pas encore acquis une tolérance naturelle sont particulièrement sensibles aux piqûres de moustiques. En effet, ces derniers « présentent un risque accru de réactions allergiques, et leurs symptômes sont plus sévères qu’aux autres âges de la vie », rapporte un article paru en 2016 dans la revue Réalités pédiatriques (source 2). D’ailleurs, « les allergologues et les pédiatres sont de plus en plus souvent consultés pour des réactions cutanées gênantes, prurigineuses et multiples, en particulier chez les jeunes enfants et les personnes sensibles », rapporte également l’article.
Les patients atteints d’immunodéficiences primaires ou secondaires (cancers, sida, maladies lymphoprolifératives) ainsi que les touristes et les nouveaux immigrants n’ayant pas bénéficié d’une exposition préalable aux moustiques indigènes sont également davantage exposés aux réactions allergiques.
Quelles réactions allergiques à une piqûre de moustique sont possibles ?
Une réaction cutanée immédiate ou tardive
Chez une personne allergique, deux types deréactions cutanées localespeuvent être observés, soit immédiate, soit retardée.
- « La réaction locale immédiate, douloureuse, survient dans les 15 premières minutes qui suivent la piqûre, durant habituellement de quelques heures à 24 heures », rapporte l’article. On distingue une papule prurigineuse (qui gratte) accompagnée d’un érythème local (rougeur) pouvant dépasser 50 mm de diamètre.
- « La réaction locale tardive, apparaissant plusieurs heures après la piqûre ». Cette réaction tardive se caractérise par des papules à l’aspect durci, qui démangent, et peuvent persister plusieurs jours à plusieurs semaines. « Cette réaction peut être étendue, atteignant 12 à 15 cm de diamètre ».
Une réaction grave type anaphylaxie est rare
Comme pour toute allergie, il existe également le risque d’une réaction grave, le choc anaphylactique ou anaphylaxie, parfois associé à l’œdème de Quincke. Mais il faut savoir que les réactions de type anaphylactique aux piqûres de moustiques sont extrêmement rares. Il est plus fréquent de les constater après des piqûres d’hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons).
La survenue d’une anaphylaxie doit faire rechercher une mastocytose (maladie rare caractérisée par une surproduction de mastocytes), notamment chez les jeunes enfants. En effet, les patients atteints de mastocytose sont plus susceptibles de développer une anaphylaxie lors d’une allergie à une piqûre de moustique.
Quand s’inquiéter d’une allergie à une piqûre de moustique ?
Une réaction locale comme une douleur, l’apparition d’un bouton ou une démangeaison passagère est normale après une piqûre de moustique. Mais si vous remarquez l’un de ces six symptômes, rendez-vous immédiatement aux urgences :
- un gonflement soudain du bas du visage et/ou de la gorge qui peut provoquer des troubles respiratoires ;
- des signes d’infection (rougeur qui s’étend autour de la piqûre, plaie qui suinte, etc.) ;
- une nausée soudaine, comme si vous alliez tomber malade ;
- un étourdissement et une sensation d’instabilité des jambes ;
- de la fièvre ;
- des maux de tête forts qui se manifestent rapidement.
Le syndrome de Skeeter, une réaction allergique grave
Décrit dans les années 2000 par Simmons et Peng, le syndrome de Skeeter, également connu sous le nom de dermatite de Skeeter, est une réaction allergique caractérisée par une réaction locale étendue inflammatoire, accompagnée de fièvre et parfois de troubles respiratoires tels que l’asthme chez de jeunes enfants. Comme le choc anaphylactique, le syndrome de Skeeter représente une urgence médicale. Les jeunes enfants y sont particulièrement exposés.
Que faire après une allergie à une piqûre de moustique ? Comment la soigner ?
« La conduite à tenir varie selon les spécialistes au sujet des réactions locales importantes ou multiples, des réactions locorégionales persistantes, des surinfections, etc. », indique Réalités pédiatriques.
- Le traitement proposé en cas de « simple » allergie sans gravité peut tout simplement commencer par un pack de glace que l’on pose sur la piqûre, dans le but de soulager les démangeaisons ;
- En cas de réaction locale ou locorégionale inflammatoire gênante, il est possible d’avoir recours à des corticoïdes appliqués localement sous forme de gouttes ou de crème, associée à des antiseptiques locaux et à la prise d’un antihistaminique de seconde génération ;
- Enfin, pour les cas exceptionnels (choc anaphylactique par exemple), une injection d’adrénaline peut être nécessaire. Mais ce cas de figure reste très rare.
À noter : l’allergie aux piqûres de moustique s’améliore généralement avec l’âge (on parle de désensibilisation naturelle), mais certaines personnes gardent une sensibilité particulière toute leur vie.
Quelle prévention contre les piqûres de moustique ? Comment les éviter ?
Les mesures préventives les plus efficaces contre les piqûres de moustique sont :
- Le port de vêtements couvrants : pantalons, chemises à manches longues… permettent de se protéger efficacement des moustiques ;
- L’utilisation de répulsifs, d’huiles essentielles ou de citronnelle pour éloigner les insectes ;
- L’utilisation de moustiquaires, de pièges et de prises anti-moustiques…
Il est également possible de prendre un antihistaminique H1 de deuxième génération pendant la période d’exposition au risque « pour diminuer l’intensité des réactions et diminuer le grattage », recommande l’article de Réalités Pédiatriques.
Le moustique tigre, un insecte qui peut aussi provoquer une réaction allergique
Au même titre qu’une piqûre de moustique « classique », une piqûre du moustique tigre peut provoquer une réaction allergique. Présent en France depuis 2004, le moustique tigre sévit désormais dans 67 départements du territoire français. Visuellement, une piqûre de moustique tigre ressemble à celle d’un moustique classique : bouton, gonflement, rougeur… Mais elle est généralement un peu plus douloureuse et démange plus longtemps.